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jeudi 7 décembre 2017

PSYCAUSE - Prologue

PSYCAUSE 

PROLOGUE

Le monde tourne. Tout tourne. Mais je reste immobile face à elle. Elle me regarde, impassiblement. Je suis elle elle est moi, le monde tourne mais je reste immobile.


Ça fait des années que je suis ce traitement. Je suis malade mentale, d'après de brillants docteurs. Foutaises. Je suis juste pas comme les cadres de la société voudraient que je sois. C'est plus simple de me déclarer folle que d'accepter le fait que je ne vois pas le monde de la même manière qu'eux. Elle est là, elle existe. Je la vois, elle me voit. C'est flippant. Pourtant les autres ne semblent pas s'inquiéter, c'est plus simple de me voir comme une timbrée. Je suis seule dans ce monde à double faces. Je prends mes médocs en bonne citoyenne. Je suis humaine mais les autres me voient juste comme une anomalie. Je suis folle dans un monde sain, ou bien je suis saine dans un monde fou. L'un comme l'autre je ne colle pas au paysage, et ça dérange.


Ce que nous ne pouvons pas percevoir on ne peut pas l'accepter. Comme un plus un égal deux. Vraiment ? C'est stupide. Complètement stupide. Je la vois mais les autres ne la voient pas, alors je suis folle. Dans ce monde si on est pas d'accord avec l'opinion générale on est fou, ou bien méchant, ou les deux. On devient un problème, une menace, quelque chose qu'il faut éradiquer. Dans mon cas, je ne dois ma survie qu'à mon asservissement aux traitements médicaux. Mais je ne suis pas folle, elle est là. Elle me voit. Bref c'est flippant.


J'en avais jamais parlé avant, de toute façon je n'en parle plus depuis que je suis mon traitement. La dernière fois que j'en ai parlé on m'a placé dans un hôpital psychiatrique pour trouble de la personnalité au second degré. Appelez ça de l'humour. C'était mes parents. Ces salauds de parents qui veulent soi disant le bien de leur enfant… Je suis seule, seule avec elle parce-qu'ils m'ont abandonné. Ça n'a plus d'importance. Demain je m'en vais.




Le ciel pleure. Depuis trois jours le temps vers Wellow Dowm est gris, froid et pluvieux. Wellow Dowm, un centre d'examen pour personnes en rééducation mentale. C'est ici que Daniella a passé ces trois dernières années. Le monde tourne mais elle semble figée dans le temps. Dans le temps… et son esprit. Daniella c'est moi, mais plus tout à fait. J'ai oublié depuis longtemps la personne que j'étais avant. Avant.


Je me souviens six ans avant mon entrée à l'hôpital, avant toute cette histoire , j'étais une fille bien. Une personne normale avec une vie banale. Un peu rêveuse, trop jeune pour le monde qui l'attendait. Je venais de finir ma formation d'assistante en management d'entreprise. J'allais avoir un boulot. Avec le recul, je me rends compte que j'étais jolie, et pleine de vie.
         L'année qui a précédé ma chute j'emménageais avec mon copain dans un petit appart du centre-ville. Je me souviens de la réflexion faussement désabusée de ma mère, inquiète de savoir que j'allais partager la partie la plus intime de ma vie avec un mec. Mon père lui, il s'assurait simplement que ce soit pas un connard fini. Adrien. Oui c'est ça, il s'appelait Adrien. Un nom assez commun, un gars banal pour une fille banale, un couple. Tout allait bien… je le pensais. Six mois après avoir emménagé, j'ai commencé à me parler. Au départ c'était de petites phrases courtes lancées comme ça comme une note qu'on se donne à soi-même. Puis progressivement les mots sont devenus des phrases, les phrases des conversations. J'ai réalisé que je ne me parlais pas à moi, mais à elle. J'ai réalisé quand je me suis aperçue un après-midi que je m'étais assise en face du miroir de la salle de bain. Normalement un miroir reflète notre personne, mais moi je ne me voyais pas. J'ai essayé de cacher ça dans un premier temps, je pensais que c'était la fatigue ou même mon récent changement de vie. Puis un soir Adrien m'a entendu. Alors nous nous sommes assis sur le canapé et j'ai décidé d'en parler. Il voulait comprendre j'en suis certaine. Il m'a conseillé d'en parler à mes parents.


La pire décision de toute ma vie actuellement. Je me suis rendue chez mes parents quelques jours après ma discussion avec Adrien. D'abord ça été le silence total, puis ma mère a commencé à paniquer, elle voulait que j'aille à l'hôpital. Mon père a gardé une attitude calme, presque indifférente. Finalement nous sommes allés voir un psy. Un, puis deux puis trois. Tous me disaient la même chose. Mais je ne suis pas folle, elle est vraiment là. J'ai commencé à avoir des crises de larmes et des sautes d'humeur. Adrien m'a quitté au début de l'hiver. Il avait peur de moi, ne me reconnaissait plus. A qui la faute ? Il ne voulait pas me croire, il pensait que je devenait folle, finalement je le suis sans doute devenu, mais pas à cause d'elle. A cause d'eux. Imaginez que vous soyez en danger que vous criez à vos proches, hurlez pour qu'ils vous entendent et viennent vous aider et que la seule chose qu'ils vous répondent c'est que vous êtes fou et qu'il n'y aucun danger. Imaginez que vous vous voyez dans un miroir en train de vous parler, mais que personne ne vous croit, ne vous comprend ni même vous entende. Seule, je suis seule. Je suis rentrée à l'hôpital le mois de ma rupture. J'étais fatiguée de me battre, d'essayer de convaincre des aveugles qu'un monde existe au-delà de leur perception visuelle. J'ai suivi un traitement, des séances chez le psy. J'étais une patiente docile, discrète. J'ai tu ce que je voyais, je savais que je ne devais pas en parler ou sinon ils ne me laisseraient pas sortir. Je ne suis pas idiote, pas folle. Je suis saine d'esprit, il ne m'a pas été difficile de leur faire croire que j'allais mieux de feindre la joie de la réussite de leur stupide traitement. Deux ans plus tard on m'autorisait à rejoindre un centre spécialisé. Un cadre plus petit, moins surveillé. Ma vie est détruite, je n'aurai jamais plus d'existence normale ou banale. Mais il y a pire pour moi, j'ai mis du temps à l'accepter. Je n'ai plus ni ami ni famille. Je suis SEULE.


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