Si je pouvais écrire par la pensée, tout ça serait bien plus simple. Je vais essayer de traduire toutes ses phrases et idées qui me traversent l'esprit depuis que je suis montée dans ce train.
Dehors il fait nuit noire, je ne peux apercevoir que les faibles lumières des lampadaires public. On dirait des étoiles terrestres, elles illuminent le paysage comme les étoiles éclairent le ciel. J'attends avec impatience le lever du soleil, c'est tellement beau à voir. Les gares se succèdent, je ne compte plus combien de fois mon regard c'est arrêté sur les passagers qui attendaient dehors dans l'air froid de cette matinée naissante. Puis le train repart et mes idées avec. Dehors il fait si noir qu'on se croirait dans un tunnel, et ces loupiotes dehors ne font que ressortir le côté sinistre de la fin de nuit. C'est comme si vous étiez dans votre dernier train, celui pour lequel on ne vous a fournit qu'un billet d'aller simple. Les musiques s'enchaînent dans mes oreilles, elles sont tantôt calme et mélancolique, tantôt vibrante et énergique. En fonction de leur voix mes pensées dérivent vers des sujets plus ou moins joyeux. Quand je suis dans le train, c'est le moment où je peux faire un point sur ma vie et me rendre compte que je ne regrette rien si tel est mon dernier train.
Sans comprendre vraiment pourquoi, des souvenirs d'enfance remontent à la surface de mes pensées. Il n'y a pas de regret, juste des souvenirs et la constatation d'avoir vécu, d'avoir un passé. Je constate également ce que je suis devenue, dans la vitre se reflète mon visage, et je n'ai pas honte de le regarder. En cela je suis fière mais aussi lorsque je me regarde toute entière. Je ne suis pas parfaite et je n'ai pas besoin de l'être, je suis juste moi, un grain de poussière dans l'univers qui lorsqu'il disparaîtra n'aura laissé qu'une faible trace dans l'histoire du monde. Mais en soi je n'ai pas à avoir honte ni regretter ce que je vois, ce que je suis. Comme tout le monde j'ai des défauts, et quelques qualités, mais ma grande et unique fierté c'est mon esprit. Malgré tout ce qu'il traverse parvient à garder en lui cette force de se relever et de chanter à pleins poumons son histoire de vie. Il est tôt et j'ai faim, je ne sais plus vraiment ce que je raconte.
Dehors tout semble si calme hormis ces lumières, j'en viens à me demander si le soleil se lèvera un jour. Pendant ce trajet je réfléchis aux merveilleuses inventions de l'être humain. Je me rend compte que nous restons bien logique et peu créatif, un train est un moyen de transport terrestre qui a comme par hasard la forme d'un serpent, tout comme un avion à la forme d'un oiseau et un bateau la forme d'un poisson. C'est beau dans un sens, et de voir certaines vies dévouées à leur travail comme pur passion, mais nous oublions tout aussi vite ce détail et nous avançons sans réfléchir. L'argent est la première cause de ces malheurs, en grande partie.
L'homme a perdu de vue ce qui était le plus important, au-delà de l'argent ou d'un travail, c'est la valeur de la vie elle-même. Nous naissons pas avec de contrat préalablement signé, nous sommes libre de nos choix et de nos actions. Mais ça bien longtemps que le cercle vicieux de la société à fait son trou dans l'esprit des Hommes.
Ça y est le jour se lève. Ce n'est encore qu'une faible lueur à l'horizon, mais le noir du ciel se peint lentement en un dégradé de bleus. Bientôt les couleurs chaudes du soleil apparaîtront, et toutes ensemble formeront l'harmonie parfaite d'un équilibre de couleurs. C'est ce dont nous avons tous besoin dans nos vies, mais beaucoup oublient. Je n'ai pas pris mon appareil photo, tant pis.
Je ne me rend pas bien compte à quel point le train va vite, le paysage défile sans que je m'en rende compte, c'est à la fois excitant et effrayant.
Le ciel semble infini , et il l'est. Je contemple l'horizon, à la croisée de la plaine et du ciel qui commence à se teinter de jaune et de rose.
Calme nuit disparaît, laissant sa place à un jour ensoleillé. C'est un spectacle si simple et si beau, me faisant comprendre la simple joie de vivre un tel instant de mourir heureuse en ayant profité comme je le pouvais de ces joies que nous offre quotidiennement la vie. Je n'aurai peut-être jamais l'occasion d'accomplir de grandes choses, mais je ne regretterai jamais d'avoir vécu.
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