Bienvenue! Vous êtes à Anahareïn


Rechercher dans ce blog

Avant de partir à l'aventure

Wowowo attends attends! Avant de partir te perdre dans les différents univers, je te donne juste mon petit conseil pour que tu puisses bien te repérer. Commence par faire un tour sur la page d'accueil, ça pourrait t'être utile.

Pour y accéder tu peux cliquer sur l'onglet "Page d'Accueil" là juste en haut à gauche. Voilà c'est tout, bonne lecture!

jeudi 4 octobre 2018

Le Monde de Graha, Yse chapitre 13

Le Monde de Graha

Volume 1




Chapitre 13 : Une Royale rencontre


*

Cela faisait plus d'une heure qu'elle attendait assise sur ce tronc d'arbre. Une heure qu'ils avaient disparu pour aller acheter un soit disant « plan » de la ville. Yse poussa un énième soupir d'agacement et de lassitude, pourquoi était-ce elle qui devait garder un œil sur les montures et pas Nerra ? Sous prétexte qu'elle était une étrangère dans ce monde, elle ne pouvait aller nulle part toute seule et cela ne faisait qu'augmenter sa frustration et sa curiosité. Les portes de Kiore n'étaient plus qu'à quelques kilomètres, quelques kilomètres qui séparaient ce petit bouiboui de l'immense capitale du royaume. Pour se distraire, la jeune fille déplia une fois de plus la carte dessinée deux semaines plus tôt par son guide.
Yse avait suivi de près leur avancée depuis qu'ils avaient quitté Vama et même s'ils avaient été relativement lent au départ, les montures que leur avait dégoté Nerra leur avait permis de rattraper un peu de temps.

En regardant plus en détail la carte, Yse se rendit compte que quelque chose clochait, comme si Barrold n'avait dessiné qu'une moitié de carte, grande certes, mais incomplète. La jeune aventurière eut beau la tourner dans tous les sens, elle ne parvenait pas à s'enlever cette drôle d'impression. Ce petit problème l'occupa finalement assez longtemps pour laisser le temps à ses amis de revenir d'un pas lent et détendu.

- Eh bien, lança Nerra en posant les poings sur les hanches, tu essayes de redessiner le monde ou un truc du genre à gesticuler comme ça ou quoi ?

- Hein ? Oh non, répondit Yse sortit de son étude, je me faisais la réflexion que cette carte est vraiment… bizarre.

- Il n'est pas onze heure qu'il faut déjà que tu pestes contre un truc, râla Barrold qui n'était toujours pas du matin.

- Mais je ne peste pas ! Je dis simplement que cette carte est bizarre.

- Et en quoi cette carte te paraît-elle bizarre ? , l'interrogea le libraire d'un ton sceptique.

- Elle semble… incomplète.

- Où ça ?

- Cette partie là, dit la jeune fille en pointant du doigt le bord droit du parchemin.

- Oh ça, coupa Nerra, c'est normal t'en fais pas.

- Comment ça ?

- Encore une fois c'est long à expliquer, comme toutes les histoires du monde d'ailleurs, tu pourras te renseigner à Kiore ne t'inquiètes pas.

Et voilà, Yse finissait toujours avoir cette fameuse réponse du « on en parlerait plus tard », sauf que plus tard n'était jamais le bon moment. Toujours sur sa faim, la lycéenne replia la carte et se reconcentra sur un sujet plus pressé.

- Alors ce plan de la ville ?

Pour toute réponse, Nerra agita un petit parchemin avec un sourire malicieux aux lèvres.

- Bien joué, je ne vous demanderai pas comment vous avez fait.

- Tu ne voudrais pas le savoir, ajouta le libraire en passant une main dans ses cheveux ébouriffés.

La petite troupe se remit en selle quelques minutes plus tard. Sur le chemin, il était devenu normal qu'aucun mot ne soit échangé, même pour demander quand se ferait la prochaine pause. Barrold se tenait à l'arrière de l'équipe alors que Nerra servait de tête de proue. Yse s'habituait lentement à ce rythme silencieux de voyage et au dos creusé de sa monture. Elle avait même fini par prénommer sa bête Kalissa , un nom d'une de ses héroïnes préférées.

Enfin, trois petites heures plus tard les trois compagnons de route arrivèrent devant les immenses portes de la cité. Si celles de Vama avaient parues imposantes aux yeux de Yse, ces portes là frisaient le démesurément grand. Leur hauteur équivalait presque à celle du toit d'une maison à trois étages. Jamais Yse n'avait vu autant de monde circuler en un même endroit. La rue principale était noire de monde, si bien que leurs bêtes avaient du mal à passer une pattes devant l'autre. Nerra indiqua la grande place du bout du doigt en face d'eux, signe qu'ils allaient sans doute s'arrêter là-bas pour consulter la carte. Arrivés à destination, les trois compères mirent pieds à terre.

- Alors voyons voir, commença Nerra en dépliant son parchemin.

Barrold s'approcha d'elle en se frottant le menton, puis il pointa un point sur le plan.

- Il faudrait qu'on arrive ici pour remonter cette rue, de là on pourra rejoindre le palais et comme l'académie se trouve à coté…

- Oui mais tu oublies que ce plan ne prend pas en compte les bouchons, souleva la jeune femme.

- C'est vrai, mais si on prend ces petites rues ici et là on devrait passer sans trop de problème.

- Pour quelqu'un qui est parti depuis des années, je trouve que tu te repères assez bien.

- Je ne suis pas encore devenu sénile merci.

- Et une fois qu'on aura atteint le palais ?, demanda Yse qui se tenait en face d'eux.

- Ne t'en fais pas, on connaît des gens qui nous recevront.

- Très bien mais…

- Bon on y va ? , lança Nerra en fourrant le plan froissé dans sa sacoche.

Les voilà repartit à esquiver tout les pauvres piétons. Yse finit par comprendre que la plupart des personnes à dos de bêtes avaient tendance à circuler sur les cotés, laissant ainsi la place aux piétons plus au centre des sentiers. Une bonne demi-heure plus tard, nos amis aperçurent enfin le bout de leur périple au sein de cette immense capitale.

- J'ai l'impression que circuler dans cette ville nous a pris plus de temps que venir jusqu'à elle, soupira Yse.

- Tu t'y feras, Kiore n'est pas capitale de Siamman pour rien, dit Nerra avec un clin d’œil.

Bientôt se dressa devant eux deux immenses bâtiments, ceux que la petite aventurière avait vu la veille du haut de la colline. La voir d'aussi près était une chose incroyable, arrivé de ce côté là de la ville les passants s'étaient fait de plus en plus rares. Les deux grandes bâtisses avaient beau de pas être véritablement collées l'une à l'autre, elles donnaient néanmoins l'impression d'être indissociables. Le mélange des différentes architectures leur conférait un côté mystérieux et fascinant, mêlant charme du rustique et exotique. Pour l'un, de grosses pierres grises salies par le temps et la météo, de l'autre une toiture dorée et aux reflets de milles couleurs, avec des fenêtres faites de rouge, de bleu et de orange. Des allées bien entretenues dans les deux cas, les bordures recouvertes de diverses espèces de plantes toutes inconnues aux yeux de la jeune étrangère, mais aux courbes et aux senteurs aguicheuses. Barrold lui avait rapidement expliqué que l'académie et le palais royal avaient à cœur de mettre à l'honneur les diverses espèces de fleurs et d'autres plantes du royaume, afin de permettre à ceux qui ne pouvaient voyager dans le royaume de découvrir une part de la beauté du territoire. Un challenge audacieux mais qui semblait tout de même bien réussi.

La troupe passa les grilles et s'avançait doucement vers l'entrée du palais. Au grand étonnement des nos amis, quelqu'un semblait attendre sur le seuil de la porte. Un homme grand, vêtu d'une longue robe d'un violet foncé et de blanc, la mine sévère et d'un âge incertain. A peine descendus de leurs montures, Nerra et Barrold s'empressèrent de courber la tête dans un geste qui devait être devenu un réflexe.

- Voilà une tête que je ne m'attendais pas à revoir un jour, lança le grand inconnu aux cheveux argentés, tirés en arrière et coiffés en queue de cheval sur l'épaule.

- Veuillez me pardonner de ne pas vous avoir fait mes adieux correctement monsieur, dit le libraire sans relever la tête.

L'homme ne répondit rien. Lorsqu'il s'aperçut que Yse n'avait pas baissé la tête comme ses compagnons, il marqua un temps d'arrêt.

- Qui est cette jeune personne que vous amenez ? Il ne me semble pas la connaître.

Les deux amis se redressèrent pour reporter leur attention sur la jeune fille qui se sentit bien mal à l'aise devant tant de regards.

- Je… heu… mon nom est Yse, monsieur.

- C'est une étrangère, s'empressa d'ajouter Nerra, une personne de « l'autre côté ».

Les yeux bleus du grand inconnu s'écarquillèrent instantanément.

- Vous… Non, ce n'est pas possible.

- Je ne pense pas que ce soit cette personne, mais il nous était indispensable de venir ici pour…

- J'ai bien compris, lança l'interlocuteur en coupant le jeune homme d'une main, suivez-moi, ce n'est pas le lieu pour en parler.

Les trois compagnons entrèrent en silence. Le jardin disparu derrière les portes massives de la demeure, à croire qu'ils aimaient vraiment les grandes portes dans ce monde.

- Nerra, chuchota Yse, qui est ce monsieur ?

- C'est le directeur de l'académie, Pantonas Daubanier. Ne te fies pas à son air sévère, il a été un des premiers défenseurs de Barrold à l'époque où il était encore élève.

- Mais comment le sais-tu ? Je croyais que tu n'étais pas encore élève à cette époque.

- Les rumeurs ne se taisent jamais vraiment dans les couloirs de l'école, siffla la jeune femme, et parfois il arrive qu'elles se vérifient.

Le silence regagna les rangs et Yse en profita pour regarder ce nouvel environnement. Le plafond était aussi haut que les portes de l'entrée. Des colonnes sculptées étaient alignées de part et d'autres de l'allée, celle-ci recouverte de carrelage clair et brillant. De larges et longues fenêtres éclairaient le hall, donnant un peu de chaleur à ce cadre plutôt froid de prime abord.

Le groupe monta un escalier aux marches longues et plates, faites du même carrelage que le sol de l'entrée. Les rampes étaient de métal sombre et se courbaient en arabesques aux extrémités. Lorsqu'ils arrivèrent enfin devant une porte d'apparence simple mais élégante, Yse crut qu'elle venait de courir un marathon tant elle haletait. Le dénommé Pantonas toqua à la porte de trois coups secs, coups qui résonnèrent dans l'immense hall désespérément vide. Une voix masculine étouffée leur répondit d'entrer, ce qu'ils firent sans attendre.

Derrière un grand bureau en bois massif, un personnage élégant écrivait frénétiquement sur un morceau de papier. Les cheveux blond ébouriffés et de petites lunettes sur le nez, ce drôle d'individu ressemblait beaucoup à un fou, d'après Yse.

- C'est pour quoi ?

- Hmhm votre altesse ? Je vous amène quelques visiteurs qui voudraient s'entretenir avec votre majesté.

- Allons Pantonas pas besoin ce ton si… bons dieux !, tonna soudain le nouvel inconnu en relevant la tête.

Ce dernier bondit de sa chaise sans finir sa phrase et s'élança vers le libraire. Celui-ci ne broncha pas, mais son malaise était palpable.

- Dieux… est-ce possible ? Êtes-vous bien cet élève qui jadis…

- Oui seigneur, mon nom est Barrold, répondit le pauvre garçon qui tentait vainement de couper court à la conversation.

- Et nous qui pensions que les dieux vous avaient rappeler à eux…

La tête couronnée s'arrêta un instant dans son discours, tenant toujours entre ses mains celles du libraire.

- Vous avez tenu votre langue j'espère ? Au sujet de vous savez quoi.

- J'ai gardé le secret majesté, mais si je suis ici aujourd'hui alors que je ne devrais pas, c'est parce que nous avons besoin de lui.

Un soupir s'échappa de la royale bouche en relâchant les mains de Barrold. Le souverain retourna s'asseoir à son bureau en croisant les mains.

- Il n'a jamais été en sûreté nulle part, murmura-t-il, mais tu tombes vraiment très mal mon petit.

- Majesté, l'interrompit Pantonas, ces jeunes gens ont parmi eux une personne venu de l'autre côté.

Les yeux du souverain s'illuminèrent aussitôt.

- Alors nous sommes peut-être sauvé.

Il se leva de nouveau.

- Où est-il ?

Encouragé par le regard de se camarades, Yse s'avança de quelques pas, très intimidée de se sentir l'objet de tant d'attention. Ses mains s'étaient misent à trembler sans qu'elle ne put s'en empêcher. En la voyant, le regard du roi se ternit.

- Une… une enfant ?

- Mon nom est Yse, votre majesté.

- Yse… comment es-tu arrivée jusque ici ? Qui t'a amené dans ce monde ?

- Personne sire, je… , elle tenta de chercher les mots les plus juste pour décrire ce qu'il s'était passé, mais tout lui paraissait soudain si invraisemblable qu'elle ne savait pas comment l'expliquer.

- Dis lui la vérité, l'encouragea Barrold en posant les mains sur les épaules de la jeune fille.

Bien que Nerra fut dans la même pièce qu'eux, cela ne le dérangeait visiblement plus qu'elle soit mise dans la confidence. Yse se tourna de nouveau vers son interlocuteur.

- Je suis passée à travers un livre.

- Comment ? , s'étonna le souverain. Il lança un regard plein d'incompréhension au directeur mais ce dernier semblait aussi déconcerté que lui.
-Depuis quand pouvons nous passer à travers les livres ? Est-ce chose courante dans votre monde ?

- Pas du tout, c'est la chose la plus surréaliste que j'ai faite pour le moment.

Tout le monde semblait tomber de haut mise à part Barrold et elle. Une fois la surprise légèrement redescendue, Barrold continua son explication.

- Votre majesté, si nous sommes ici c'est pour demander à l'Oracle si elle se trouve être ce fameux élu, si son destin interfère avec celui de ce monde et si il existe un moyen de la renvoyer là d'où elle vient.

La mine songeur du seigneur ne présageait rien de bon, du moins c'est ce que Yse commençait à croire.

- Je t'avoue que toute cette histoire est pour le moins… incroyable, dirons-nous. Je ne peux pas m'opposer à faire appel à l'Oracle aux vues des circonstances, mais il est primordiale qu'aucun d'entre vous ne parle jamais de ce que vous verrez ou entendrez. La vie du peuple Siamman tout entier en dépend.

Les trois amis hochèrent la tête en signe d'approbation.

- De plus, je ne sais pas ce que nous apprendra l'Oracle à ton sujet, jeune fille, mais quelque soit l'issue de cette entrevue, tu ne pourras pas rentrer chez toi, pas dans l'immédiat ni dans un futur proche.

- Comment ça ?

- Je sais que tout doit être nouveau pour toi et que tu connais peu de choses aux politiques de ce monde, mais en ce moment le royaume de Siamman s'apprête à entrer en guerre contre un autre royaume. Nous devons mobiliser toutes les personnes disponibles et peut-être même serons-nous amenés à faire appel aux élèves les plus entraînés et les plus doués de l'académie.

La mine du souverain s'assombrit davantage.

- Des milliers de vies seront sacrifiées bientôt, et je suis incapable de l'empêcher. Nous avons plus que jamais besoin de guerriers et magiciens, si seulement cet élu dont parlent les prophéties pouvaient afin apparaître…

Le silence retomba dans la pièce.

- Nous sommes prêt à vous soutenir sire !

La voix de Nerra résonna soudain. Le regard de la jeune femme était fier et droit, rien de ce qu'elle venait d'entendre ne paraissait l'avoir déconcerté.

- Bien, fit Pantonas en coupant court à l'élan de la jeune femme, pour le moment ne devrions-nous pas nous soucier de loger ces jeunes personnes ? A part vous, dit-il à l'attention de Nerra, votre place au dortoir de l'académie vous est toujours allouée.

- Tu as raison, réagit le souverain, pour le moment nous allons tacher de tirer cette affaire au clair. Jeune fille.

- Oui ?

- Nous reprendrons cette discussion plus tard. Pour le moment, je vous place sous la garde et le bon soin de Pantonas. Je pense qu'il en informera les personnes concernées, vous les rencontrerez sous peu.

- Je vous remercie, majesté, répondit Yse en courbant machinalement la tête.

« Quelle discussion étrange », pensa la jeune lycéenne. Tant de non dit et de trop dit en même temps. Tout n'était pas clair mais le principal était là, bientôt elle se trouverait en face d'un oracle qui lui dirait si oui ou non elle pourrait enfin se rendre utile. Yse lança un regard un peu inquiet à Barrold, mais celui lui rendit son regard avec tant de tendresse qu'elle cessa de respirer pendant une fraction de seconde. Aurait-elle bientôt les clefs manquantes à toutes ses questions, en tout cas elle ne regrettait plus rien.


Fin du chapitre 13


<<Précédent                                                               Suite>>

Aucun commentaire: