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lundi 12 septembre 2016

Naera chapitre 7

Naera

Volume 1

Chapitre 7 : Les Harcanes

Vous connaissez ces moments dans votre vie où vous vous faites surprendre par vos parents alors que vous étiez en train de faire une bêtise ? Eh bien lorsque le capitaine était entré dans la pièce c'est exactement la même impression que j'avais eu.

Lius avait très vite reprit sa mine calme et sereine et fit mine de noter quelque chose comme si je venais de répondre à sa question.

- Ah capitaine ! ; fit Lius faussement heureux ; nous avions presque fini le questionnaire.

- Alors je tombe au bon moment. ; répondit simplement ce dernier ; Quelque chose de particulier ?

A cet instant, je me dis franchement que tout était fini. Pourquoi pensai-je une chose si horrible, je ne sais pas vraiment, mais Lius n'avait aucune raison de cacher au capitaine ce qu'il venait découvrir. Résignée je m'enfonçai un peu plus dans le fauteuil attendant que sonne le moment de mon arrestation.

- Eh bien le moins que l'on puisse dire c'est que cette jeune femme n'est pas ordinaire. Je ne peux pas dire qu'elle est une Shikaï car elle n'a pas réussi tous les tests mais…

- Elle en a quand même réussi n'est-ce pas ?

- Eh bien… oui, en quelque sorte.

- Et d'où vient-elle ?

« Je suis là vous savez, vous pourriez aussi bien me poser la question plutôt que d'agir comme si je n'étais pas là », pensai-je vexée.
- Si j'ai bien compris d'une des villes frontières de l'Ouest ; mentit le vieillard ; près de Kourob.

J'en restai bouche ouverte et yeux écarquillés, Lius venait de mentir pour MOI ?

- Ce qui explique pourquoi elle ne connaît pas la capitale. Mais il reste beaucoup de point à éclaircir si vous pouviez…

Cette fois j'en eu assez. Malgré ma surprise face à la réponse de Lius sur ma ville d'origine, je ne pouvais plus tolérer que ce capitaine de pacotille face comme si je n'existais pas. Je laissai éclater mon exaspération.

- Dites ! Si vous voulez en savoir plus sur moi vous pourriez me poser directement la question ! Je sais parler vous savez alors arrêtez de faire comme si je n'étais pas là !

Les deux hommes me regardèrent de manière indéchiffrable. Puis le capitaine reprit comme de rien n'était.

- Donc comme je disais il reste beaucoup de points obscurs sur sa présence ici et le lien qu'il pourrait y avoir avec la destruction d'une partie du mur, vous avez dû en entendre parler…

- Bien évidemment, tous ici sommes au courant en temps et en heures en ce qui concerne la frontière et surtout le mur.

Cette situation était à la fois exaspérante et humiliante. Je me levai d'un bond et fit mine de partir. Étrangement ce ne fut pas Lius qui parut le plus étonné de mon action mais cet abruti de capitaine. Au moment où je passai à son niveau il m'attrapa le poignet et me regarda dans les yeux ; un regard dur, froid et sans émotion.

- Où vas-tu comme ça ? ; demanda-t-il d'un ton tranchant.

- Alors comme ça vous remarquez enfin ma présence ? ; dis-je d'un ton sarcastique ; c'est trop d'honneurs.

- Attention à ce que tu dis ! Tu ne sais pas à qui tu t'adresses.

- Non je ne sais pas et je ne veux pas le savoir. Une personne telle que vous ne mérite pas qu'on s'y intéresse.

Ma réplique fit mouche. Je sentis sa main se resserrer un peu plus sur mon poignet et je pris sur moi de ne pas hurler de douleur. Ses yeux gris acier restèrent longtemps plantés dans les miens mais à aucun moment je ne baissai les yeux et j'en fus fière. La peur et l'incompréhension étaient passés, ce capitaine m'avait tellement énervé par son attitude que j'en avais oublié ma situation quelque peu… fragile ? Même pire que ça. Enfin il détourna le regard et s'adressa au pauvre Lius :

- Je l'emmène avec moi.

- Ce ne serait pas très judicieux ; fit remarquer le vieux magicien.

- Pourquoi ça ?

- Parce-que je dois encore l'interroger, sans compter que mes confrères seront sans doute fort intéressés par son cas.

Le capitaine sembla réfléchir à toute allure.

- Bon ; souffla ce dernier ; je reviendrai lorsqu'on en saura plus sur elle.

- Je vous tiendrai informé ne vous inquiétez pas.

Le militaire sembla satisfait de la réponse et sortit de la pièce sans m'adresser un regard. Une fois seuls, Lius me regarda en fronçant les sourcils :

- Je comprend tout à fait que tu t'offusques de la manière dont il agit, mais tu ne peux pas provoquer un haut gradé comme ça.

- Désolé ; fis-je un peu penaude ; mais je n'en pouvais plus d'être considéré comme un simple meuble de la pièce.

Le magicien souffla et son visage reprit son air doux et serein.

- Je voulais vous remercier d'avoir menti… sans vous je suppose que j'aurai eu beaucoup d'ennuis.

- C'est fort probable. ; acquiesça Lius ; mais il y a une chose que je dois absolument savoir.

- Quoi donc ?

- Es-tu celle qui a brisé le mur ?

Ma bouche devint subitement pâteuse et ma respiration se fit saccadée. Que devais-je dire ? Ne pas dire ? Devais-je inventer une histoire ? Me croirait-il ? Il m'avait sauvé face au capitaine, je lui devais la vérité.

- Eh bien j'avoue que je ne sais pas, quand je suis arrivée au début j'étais sur le mur, puis il y a eu un insecte, j'ai voulu l'écraser et quand j'ai tapé un petit morceau du mur s'est fissuré puis est tombé. Ça m'a déséquilibré et je suis tombée à mon tour.

Lius me regarda avec des yeux ronds puis soudain, explosa de rire.

- Je jure que je dis la vérité ; dis-je avec précipitation.

- Je veux bien te croire, mais c'est la première fois que j'entends une histoire comme ça ; dit le vieillard en tentant de calmer son fou rire. Casser le mur en écrasant un insecte…

Il se remit à rire. Je ne comprenais pas. Au bout d'un petit moment Lius réussi à reprendre son calme.

- Alors… ; fis-je doucement.

- Eh bien disons que tu n'es pas la personne que nous recherchons.

- Mais j'ai quand même cassé une partie du mur! ; m'étonnai-je.

- Viens ; fit Lius avec un demi sourire.

Il m'emmena près d'une bassine de cuivre remplie d'eau.

- Regarde. ; me murmura-t-il à l'oreille.

De la pointe de son index il alla toucher la surface du liquide. L'eau se brouilla et bientôt une image apparut. C'était comme si la surface de l'eau était devenue une fenêtre qui donnait sur le monde.

- Dans le monde où tu te trouves actuellement, est bâtit un mur. Ce mur délimite le territoire que nous pouvons habiter, personne ne peut franchir cette muraille.

- Mais pourtant…

- Pourtant tu as passé le mur. ; termina Lius. ; c'est vrai. Ceux que l'ont appellent les Shikaï sont des êtres à part. Ils sont les seuls personnes à pouvoir franchir librement le mur et aller d'un monde à l'autre. Si j'avais dit au capitaine que tu n'étais pas d'ici, il en aurait conclu que tu étais celui que l'on recherchait.

- Je ne comprend pas tout ; dis-je un peu déconcertée ; pourquoi aurait-il pensé que c'était moi ?

- (Lius haussa les épaules), les circonstances sans doute. Les Shikaïs ne représentent même pas un pourcent de la population. De plus pour pouvoir passer ce mur il faut avoir ce qu'on appelle « des dons », une espèce de magie innée en quelque sorte. Cependant toutes les personnes qui ont les dons ne peuvent forcément passer le mur, donc autant dire que le nombre de personne possédant les dons et qui sont Shikaïs se comptent presque sur les doigts d'une main.

- Je vois… donc je suppose que je faisais une coupable idéale.

- Exactement, mais je ne l'aurai pas blâmé de t'accuser étant donné les circonstances.

- Mais si ce n'est pas moi ça veut dire que quelqu'un qui est un Shikaï se balade actuellement par ici ?

- On peut dire ça comme ça.

- Hm… et vous pensez que ce peut être une personne dangereuse ?

- Il faut que tu saches une chose très importante ; commença Lius avec une mine grave ; le mur est en réalité beaucoup plus qu'un simple tas de cailloux bien empilés. Ce mur est magique tu dois t'en douter mais surtout il permet l'équilibre entre les mondes. Si jamais le mur est détruit les Harcanes pourront passer d'un monde à l'autre sans problème et on peut dire que nous serons proche d'une apocalypse.

- Et… qu'est-ce que les Harcanes ? ; demandai-je pas très rassurée.

Rien que le nom me donnait des frissons que je ne parvenais pas à contrôler.
Lius mit un moment avant de répondre, en prenant soin de bien choisir chaque mot qui allait sortir de sa bouche.

- Disons que… les Harcanes sont des démons… des spectres… des cauchemars… bref disons que se ne sont pas des créatures que tu voudrais croiser sur ton chemin. Pour le moment ces êtres se terrent dans l'ombre des forêts, dans les grottes au sommet des montagnes, bref dans des endroits que nous humains ne pouvons pas trouver. Mais si le mur se brisent leur force seront décuplées, ils deviendront maîtres de la dimension de l'esprit et du rêve et là on sera mal.

- Donc le mur sert d'équilibre… entre l'ombre et la lumière ?

- (Le vieux magicien sourit) C'est une belle image. C'est sans doute plus compliqué que ça mais tu n'as pas tord. Tant que le mur existe l'équilibre est maintenu, si il disparaît l'ombre prendra la totalité du territoire. Mais tu veux savoir le plus étrange dans tout ça, c'est que les Harcanes ne sont pas « des méchants ». Ces créatures ne demandent rien et ne font de mal à personne, c'est bien pour ça que nous les laissons là où ils sont, mais si le mur se brise… c'est un peu comme si on réveillait la folie en eux.

- Je vois… je suppose que vous autres magiciens d'ici vous connaissez des formules en cas de problème.

- Oui… et non.

- Ah.

On toqua a la porte.

- Bon et bien je crois que le cours est terminé ; plaisanta Lius.

Je me sentais frustrée. Je voulais en savoir d'avantage sur ces créatures, sur ce monde et sur ce mur, cet immense mur sur ce lequel j'avais tant aimé me poser. Un jeune homme plutôt maigrichon et à la peau pâle entra dans la pièce. Il portait une robe similaire à celle de Lius mais à sa taille. De grande lunettes rondes lui dévoraient à moitié le visage et ses cheveux noirs ébènes cachaient complètement son front.

- Maî… maître ; bégaya le pauvre ; le conseil vous demande.

Je faillis éclater de rire à la mou du vieillard. Pour la première fois depuis que je le voyais Lius réagissait comme un enfant à qui on avait refusé un bonbon.

- Bon. Ah Goran pourrais-tu faire visiter le centre à cette chère enfant en attendant ?

- B… bien sûr maître.

Sur ces mots le vieux magicien quitta la pièce. Je me retrouvai seule avec un garçon à l'air plus perdu que moi et pour une fois je ne me sentis pas en danger.


Fin du Chapitre 7


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