Le
Monde de Graha
Volume
1
Chapitre
3 : Juste une chance
Installés
à une table près de la fenêtre d'un café aux murs rouges et à la
décoration moderne, Yse et son accompagnateur regardaient les
gouttes de pluie s'écraser contre la vitre. Son coeur battait à une
vitesse impressionnante mais elle tentait de ne rien laisser
paraître. Son interlocuteur allait ouvrir la bouche lorsqu'ils
furent dérangés par la serveuse qui leur apportait la commande.
Un
expresso et un cappuccino, un choix plutôt sobre. Le silence
finissant par devenir pesant, la jeune fille soupira et décida de
faire le premier pas :
-
« Alors… pourquoi vouliez-vous me voir ? ,
demanda-t-elle timidement.
Pour
toute réponse le libraire déposa un porte-monnaie sur la table, Yse
le regarda attentivement et ouvrit la bouche, manifestement très
surprise.
-
Vous avez oublié ça dans la boutique hier, lança le libraire d'une
voix rauque.
Le
stresse et l'excitation de la jeune lycéenne retombèrent
immédiatement.
-
Ah heu… merci. Yse ramassa son porte-monnaie, la déception se
sentant à sa voix. Elle reprit sa contemplation de la pluie avec un
air las et le silence reprit sa place à la table des deux
personnages.
Après
plusieurs minutes de gêne manifeste, le vieux libraire se racla la
gorge :
-
Hm ! Je me nomme Barrold Vaclair et comme tu t'en es aperçue je
tiens une petite librairie, (Yse resta muette, soufflant simplement
sur sa boisson), en ce moment les affaires… les affaires ne vont
pas très fort, j'ai pas mal de problèmes et c'est pour ça que je
suis un peu… un peu tendu. Je n'ai pas été très correct avec toi
la dernière fois et je … tenais à m'excuser.
Il
y eu encore une petite minute de silence. Soudain Yse eu idée
qu'elle trouva si géniale que la jeune fille ne se rendit pas compte
du niveau sonore de sa voix :
-
Embauchez-moi ! Cria-t-elle un grand sourire illuminant son
visage.
-
Comment ?!, s'étrangla le vieux personnage qui venait de
prendre un gorgée de café, mais tu ne m'as pas écouté ou quoi !
Je t'ai dis que je croulais sous les ennuis et les dettes et tu
voudrais que je t'embauche ?, s'énerva le vieillard ;
Désolé mais je n'ai ni l'argent ni l'envie d'avoir un moucheron
dans les pattes.
Il
but encore une gorgée de café et croisa les bras en s'affalant
contre le dossier de la chaise, toisant la jeune écervelée de ses
yeux verts étrangement lumineux. Aux alentours le peu de clientèle
qui se trouvait dans le café regardait la scène d'un air curieux.
La pluie tombait toujours mais de manière plus fine et irrégulière.
Yse
sentait que sa chance était là, devant elle, et elle n'allait pas
la laisser passer une seconde fois. Pas question.
-
Ecoutez-moi avant de dire non ! Je ne cherche pas le boulot de
ma vie non plus et je ne vous demande pas de me garder éternellement.
Tout ce que je veux c'est que vous permettiez de travailler un temps
chez vous, je pourrai nettoyer l'endroit et vous faire de la pub !
Je connais du monde vous savez ? Allez quoi s'il vous plaît je
ne demande pas la lune tout de même, supplia la jeune fille. Quant à
vos pattes ne vous en faites pas, je me ferai la plus discrète
possible.
De
nouveau un long silence entre les deux. Le vieux Barrold plantait ses
yeux verts dans ceux d'Yse et semblait réfléchir à toute vitesse.
Il l'examinait, paraissait la jauger comme s'il voulait vérifier
quelque chose. Soudain, il baissa les yeux et bu une gorgée de café
refroidi.
-
Non, fit-il enfin.
-
Pourquoi ? Insista la jeune fille.
-
Je pense que tu serais plus un poids qu'autre chose, avoua le
libraire.
-
Menteur, lança Yse d'un air dédaigneux.
Barrold
leva les yeux vers la jeune fille, visiblement surpris. Ses yeux
s'écarquillèrent encore en découvrant la flamme qui brillait dans
les yeux de la jeune demoiselle au caractère vraisemblablement
déterminé. L'étonnement passé, un sourire se dessina sur son
visage.
-
Je l'ai peut-être mal évalué, murmura le vieillard dans sa barbe.
A
son tour le visage d'Yse s'illumina d'un sourire franc.
-
Laissez-moi une chance, dit-elle, une seule et vous verrez que vous
ne serez pas déçu.
-
Bon d'accord, je te laisse une chance, céda le vieux libraire, mais
si tu ne me satisfait pas ou que tu me casses les pieds je te jette
dehors d'un coup de pied aux fesses, compris ?
-
Ça marche ! Cria la jeune fille avec un enthousiasme débordant.
Des
éclats de rire se firent entendre, dehors la pluie avait cessée
depuis longtemps.
Fin
du chapitre 3.
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