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lundi 8 août 2016

Le Monde de Graha - Yse chap.4

Le Monde de Graha

Volume 1 

« S'il n'y avait qu'une solution la guerre n'existerait pas et s'il n'existait qu'une sorte de héros les légendes et prophéties ne serviraient à rien. C'est parce que l'espoir existe dans le cœur des hommes qu'il est permis de rêver et que chacun peut protéger ce qui lui est cher. » 
Fanfir.




Chapitre 4 : Sirea

De retour chez elle, Yse se jeta à plat ventre sur son lit. La nuit était déjà tombée, bien qu'il ne fut pas si tard. Le mois d'Octobre semblait s'éterniser mais cela n'avait aucune importance pour la lycéenne.

Deux jours plus tard, la sonnerie du lycée retentit une dernière fois sonnant le début des vacances. Dès le lendemain Yse se lève tôt et se prépare en vitesse. Elle fila sans même dire un mot à ses parents qui venaient de se lever. La jeune fille s'arrête à bout de souffle devant la librairie. Il lui paraît étrange de retrouver un chemin qu'elle n'avait jamais fréquenté aussi facilement mais elle oublie bien vite se soucis et rentre en trombe dans la boutique.

-  C'est moi ! Monsieur Vaclair ? 

Pas de réponse, la librairie semble toujours aussi déserte que la dernière fois. Les deux personnages s'étaient pourtant bien donnés rendez-vous ici à cette heure, cependant les fenêtres sont encore fermées. Yse entame une inspection des lieux, au bout de quelques minutes il faut se rendre à l'évidence, elle est seule. « Bizarre, la boutique est pourtant bien ouverte. », pense la jeune fille. C'est alors qu'une petite idée germe dans son esprit, puisqu'elle bien sûre d'être seule cette fois-ci elle décide de retourner vers l'étagère où se trouvait cet étrange livre à la couverture de velours cramoisi. Une fois l'étagère retrouvée, Yse se met de nouveau sur la pointe des pieds et tend le bras mais rien à faire, le livre reste désespérément inaccessible. La jeune fille tente le tout pour le tout en sautant avec élan et au même moment une voix retentit.

- Vous n'avez pas dit bonjour jeune demoiselle.

Surprise Yse poussa un cri bref et retomba les fesses une nouvelle fois au sol. Elle leva les yeux vers l'origine de la voix et écarquilla les yeux. Une vieille dame se tient droite devant elle, le sourire doux et les yeux moqueurs. La vieille femme tend la main vers la jeune fille.

- Navrée, je ne voulais pas vous effrayer.
- Ce… ce n'est rien, répond Yse en attrapant la main de l'étrangère, je ne vous avais pas vu je croyais être seule.

Une fois debout Yse examine avec précision son interlocutrice. C'est une femme à l'âge indéfinissable même si les quelques rides de son visage la classent plutôt dans le troisième âge. Ses cheveux ondulés d'un blanc éclatant tombent en cascade sur ses épaules et dans le dos. Elle est grande et se tient bien droite. Yse reste subjuguée, la beauté de cette femme est incroyable. La vieille dame arbore des yeux gris acier à la fois fiers et d'une aimable tranquillité. Son corps entier respire une force tranquille semblable à celle de l'eau dormante des rivières. La jeune fille se sent à la fois impressionnée et intimidée par une telle présence. Alors que les deux femmes s'examinent de la tête aux pieds, Barrold le vieux libraire fait son entrée. L'air devient soudain plus léger et respirable pour la jeune personne. Le vieillard fixe la vieille femme d'un air à la fois étonné et inquiet.

- Sirea… Madame je ne m'attendais pas à vous voir, dis le vieux libraire d'une voix hésitante.

- Désolée de ne pas t'avoir prévenu Barrold, mais je n'avais prévu de passer non plus. Disons que… j'ai eu un pressentiment ; répondit Sirea calmement.

- Ne vous excusez pas voyons ! C'est juste que… si j'avais su j'aurai fait un peu de rangement et je… je me serai habillé plus convenablement.


Yse regardait la scène d'un œil curieux. Elle nota très vite que la relation entre les deux seniors n'était pas d'égal à égal. Barrold semblait bien plus fragile et respectueux qu'avec elle et, de son côté, Sirea le traitait plutôt comme un simple ami. La question qui brûlait les lèvres de la jeune fille était de savoir qui était exactement cette vieille dame ? Pour que le libraire prenne des pincettes pour lui parler cela signifiait sans doute qu'elle n'était pas n'importe qui, du moins pour lui.
Alors que les pensées d'Yse faisaient leur petit bonhomme de chemin, Sirea reporta brusquement son attention sur la jeune lycéenne.

- Pourrais-tu nous excuser jeune fille ? Je dois m'entretenir avec Barrold… en privé. Sirea avait parlée normalement, mais Yse su que ce n'était pas une invitation à s'en aller mais bel et bien un ordre. La lycéenne remarquait qu'elle ne la vouvoyait plus et elle en fut secrètement soulagée.

- Je… oui bien sûr, bégaya-t-elle, qu'est-ce que je dois faire en attendant ? La question s'adressait au libraire.

- Oh, fit ce dernier, (il montre du doigt le fond de la pièce), il y a une pile de livres qui attend d'être dépoussiérée et rangée. Quand tu auras fini tu pourras faire la même chose pour les livres de la vitrine.

- D'accord ! Répondit Yse avec enthousiasme. Elle ne se fit pas prier pour rejoindre le fond de la pièce.


Une demi-heure plus tard, toutes les piles des livres que Barrold avait faites étaient nettoyées et rangées, les livres triés selon leur côtes et la vitrine n'avait jamais semblé si propre. Quant à Sirea et Barrold, ils avaient tout bonnement disparus. Ne sachant pas quoi faire la jeune fille s'assit sur le vieux tabouret derrière le comptoir.

Elle s'ennuie, joue avec de courtes mèches de cheveux, soupire et fait les cent pas. Enfin, Yse embrasse la boutique d'un regard absent et vide de curiosité. Soudain un éclat attire son attention. Comment ne l'avait-elle pas vu ? Il était pourtant là, à quelques pas et rien ne la retenait. Yse s'avance, lentement mais d'un pas sûr. Elle s'arrête, tend le bras. Il lui semble moins difficile à atteindre et elle n'a même pas se mettre sur la pointe des pieds pour l'attraper. Enfin il est là, dans ses mains. Ce beau livre à la couverture de velours cramoisi brille d'un éclat d'aventure et de nouveauté.
Elle s'assoit au bureau éclairé par la seule fenêtre de l'arrière-pièce. Le livre s'ouvre presque tout seul en plein milieu et la jeune fille s'aperçoit avec stupeur que les pages jaunies sont vierges. Yse tourne les pages une par une, d'abord lentement de peur d'arracher les fines feuilles de papier, puis de plus en plus vite. Au bout d'une minute elle ferme le livre et le rouvre à la première page. Blanche, elle aussi est vierge. La main tremblante la jeune lycéenne tourne la page… et trouve arche de pierres grises dessinée au centre de la feuille. A l'intérieur est dessiné un escalier de pierres et un paysage mêlant ciel bleu et prairie. Du bout de ses doigts fins, Yse caresse le dessin. Elle imagine déjà mille et une histoires liées à cette simple image et bientôt un mal de tête la gagne. Puis l'arche se met à bouger, elle ondule, devient plus grande. Les escaliers se déplient, l'herbe semble balayée par une brise sans que l'image ne bouge. Une douleur aigu et lancinante arrache quelques gémissements à la jeune fille. Bientôt elle se tient la tête, quelque chose hurle en elle.

Yse ferme les yeux et se laisse tomber. Pourtant, son corps ne toucha jamais le plancher. Des voix résonnent près de l'entrée de la librairie.

- J'aurai dû l'en empêcher…

- Tu ne pouvais rien faire Barrold, tu l'as vu toi même, Graha l'a appelée.

- Mais vous disiez vous même qu'elle ne l'était pas…

- Je l'ai dit et je le pense, mais je ne peux pas changer ce qui a été fait.

- Alors que faut-il faire maintenant ?

- Il semble que nous ne puissions pas faire grand-chose, soupira Sirea, cependant on ne peut pas la laisser errer toute seule dans un monde pareil.

- Ce qui veut dire ?, demanda le libraire en fronçant les sourcils.

- Que tu vas veiller sur elle mon cher, et je pense qu'un retour aux sources ne te fera pas de mal.


Barrold poussa un gémissement qui ressemblait étrangement à un grincement de porte. Sirea étira ses lèvres en un sourire énigmatique.
« Voilà que le destin s'est fourvoyé. Je me demande quel sera le rôle de cette jeune fille. Elle n'est pas "cette" personne mais… quelque chose ne va pas. Les choses deviennent finalement intéressantes. », pensa la vielle dame.


Fin du chapitre 4



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