Le
Monde de Graha
Volume
1
« S'il
n'y avait qu'une solution la guerre n'existerait pas et s'il
n'existait qu'une sorte de héros les légendes et prophéties ne
serviraient à rien. C'est parce que l'espoir existe dans le cœur
des hommes qu'il est permis de rêver et que chacun peut protéger ce
qui lui est cher. »
Fanfir.
Chapitre
4 : Sirea
De
retour chez elle, Yse se jeta à plat ventre sur son lit. La nuit
était déjà tombée, bien qu'il ne fut pas si tard. Le mois
d'Octobre semblait s'éterniser mais cela n'avait aucune importance
pour la lycéenne.
Deux
jours plus tard, la sonnerie du lycée retentit une dernière fois
sonnant le début des vacances. Dès le lendemain Yse se lève tôt
et se prépare en vitesse. Elle fila sans même dire un mot à ses
parents qui venaient de se lever. La jeune fille s'arrête à bout
de souffle devant la librairie. Il lui paraît étrange de retrouver
un chemin qu'elle n'avait jamais fréquenté aussi facilement mais
elle oublie bien vite se soucis et rentre en trombe dans la boutique.
-
C'est moi ! Monsieur Vaclair ?
Pas
de réponse, la librairie semble toujours aussi déserte que la
dernière fois. Les deux personnages s'étaient pourtant bien donnés
rendez-vous ici à cette heure, cependant les fenêtres sont encore
fermées. Yse entame une inspection des lieux, au bout de quelques
minutes il faut se rendre à l'évidence, elle est seule. « Bizarre,
la boutique est pourtant bien ouverte. », pense la jeune fille.
C'est alors qu'une petite idée germe dans son esprit, puisqu'elle
bien sûre d'être seule cette fois-ci elle décide de retourner vers
l'étagère où se trouvait cet étrange livre à la couverture de
velours cramoisi. Une fois l'étagère retrouvée, Yse se met de
nouveau sur la pointe des pieds et tend le bras mais rien à faire,
le livre reste désespérément inaccessible. La jeune fille tente le
tout pour le tout en sautant avec élan et au même moment une voix
retentit.
-
Vous n'avez pas dit bonjour jeune demoiselle.
Surprise
Yse poussa un cri bref et retomba les fesses une nouvelle fois au
sol. Elle leva les yeux vers l'origine de la voix et écarquilla les
yeux. Une vieille dame se tient droite devant elle, le sourire doux
et les yeux moqueurs. La vieille femme tend la main vers la jeune
fille.
- Navrée, je ne voulais pas vous effrayer.
-
Ce… ce n'est rien, répond Yse en attrapant la main de l'étrangère,
je ne vous avais pas vu je croyais être seule.
Une
fois debout Yse examine avec précision son interlocutrice. C'est une
femme à l'âge indéfinissable même si les quelques rides de son
visage la classent plutôt dans le troisième âge. Ses cheveux
ondulés d'un blanc éclatant tombent en cascade sur ses épaules et
dans le dos. Elle est grande et se tient bien droite. Yse reste
subjuguée, la beauté de cette femme est incroyable. La vieille dame
arbore des yeux gris acier à la fois fiers et d'une aimable
tranquillité. Son corps entier respire une force tranquille
semblable à celle de l'eau dormante des rivières. La jeune fille se
sent à la fois impressionnée et intimidée par une telle présence.
Alors que les deux femmes s'examinent de la tête aux pieds, Barrold
le vieux libraire fait son entrée. L'air devient soudain plus léger
et respirable pour la jeune personne. Le vieillard fixe la vieille
femme d'un air à la fois étonné et inquiet.
-
Sirea… Madame je ne m'attendais pas à vous voir, dis le vieux
libraire d'une voix hésitante.
-
Désolée de ne pas t'avoir prévenu Barrold, mais je n'avais prévu
de passer non plus. Disons que… j'ai eu un pressentiment ;
répondit Sirea calmement.
-
Ne vous excusez pas voyons ! C'est juste que… si j'avais su
j'aurai fait un peu de rangement et je… je me serai habillé plus
convenablement.
Yse
regardait la scène d'un œil curieux. Elle nota très vite que la
relation entre les deux seniors n'était pas d'égal à égal.
Barrold semblait bien plus fragile et respectueux qu'avec elle et, de
son côté, Sirea le traitait plutôt comme un simple ami. La
question qui brûlait les lèvres de la jeune fille était de savoir
qui était exactement cette vieille dame ? Pour que le libraire
prenne des pincettes pour lui parler cela signifiait sans doute qu'elle
n'était pas n'importe qui, du moins pour lui.
Alors
que les pensées d'Yse faisaient leur petit bonhomme de chemin, Sirea
reporta brusquement son attention sur la jeune lycéenne.
-
Pourrais-tu nous excuser jeune fille ? Je dois m'entretenir avec
Barrold… en privé. Sirea avait parlée normalement, mais Yse su
que ce n'était pas une invitation à s'en aller mais bel et bien un
ordre. La lycéenne remarquait qu'elle ne la vouvoyait plus et elle
en fut secrètement soulagée.
-
Je… oui bien sûr, bégaya-t-elle, qu'est-ce que je dois faire en
attendant ? La question s'adressait au libraire.
-
Oh, fit ce dernier, (il montre du doigt le fond de la pièce), il y a
une pile de livres qui attend d'être dépoussiérée et rangée.
Quand tu auras fini tu pourras faire la même chose pour les livres
de la vitrine.
-
D'accord ! Répondit Yse avec enthousiasme. Elle ne se fit pas
prier pour rejoindre le fond de la pièce.
Une
demi-heure plus tard, toutes les piles des livres que Barrold avait
faites étaient nettoyées et rangées, les livres triés selon leur
côtes et la vitrine n'avait jamais semblé si propre. Quant à Sirea
et Barrold, ils avaient tout bonnement disparus. Ne sachant pas quoi
faire la jeune fille s'assit sur le vieux tabouret derrière le
comptoir.
Elle
s'ennuie, joue avec de courtes mèches de cheveux, soupire et fait
les cent pas. Enfin, Yse embrasse la boutique d'un regard absent et
vide de curiosité. Soudain un éclat attire son attention. Comment
ne l'avait-elle pas vu ? Il était pourtant là, à quelques pas
et rien ne la retenait. Yse s'avance, lentement mais d'un pas sûr.
Elle s'arrête, tend le bras. Il lui semble moins difficile à
atteindre et elle n'a même pas se mettre sur la pointe des pieds
pour l'attraper. Enfin il est là, dans ses mains. Ce beau livre à
la couverture de velours cramoisi brille d'un éclat d'aventure et de
nouveauté.
Elle
s'assoit au bureau éclairé par la seule fenêtre de
l'arrière-pièce. Le livre s'ouvre presque tout seul en plein milieu
et la jeune fille s'aperçoit avec stupeur que les pages jaunies sont
vierges. Yse tourne les pages une par une, d'abord lentement de peur
d'arracher les fines feuilles de papier, puis de plus en plus vite.
Au bout d'une minute elle ferme le livre et le rouvre à la première
page. Blanche, elle aussi est vierge. La main tremblante la jeune
lycéenne tourne la page… et trouve arche de pierres grises
dessinée au centre de la feuille. A l'intérieur est dessiné un
escalier de pierres et un paysage mêlant ciel bleu et prairie. Du
bout de ses doigts fins, Yse caresse le dessin. Elle imagine déjà
mille et une histoires liées à cette simple image et bientôt un
mal de tête la gagne. Puis l'arche se met à bouger, elle ondule,
devient plus grande. Les escaliers se déplient, l'herbe semble
balayée par une brise sans que l'image ne bouge. Une douleur aigu et
lancinante arrache quelques gémissements à la jeune fille. Bientôt
elle se tient la tête, quelque chose hurle en elle.
Yse
ferme les yeux et se laisse tomber. Pourtant, son corps ne toucha
jamais le plancher. Des voix résonnent près de l'entrée de la
librairie.
-
J'aurai dû l'en empêcher…
-
Tu ne pouvais rien faire Barrold, tu l'as vu toi même, Graha l'a
appelée.
-
Mais vous disiez vous même qu'elle ne l'était pas…
-
Je l'ai dit et je le pense, mais je ne peux pas changer ce qui a été
fait.
-
Alors que faut-il faire maintenant ?
-
Il semble que nous ne puissions pas faire grand-chose, soupira Sirea,
cependant on ne peut pas la laisser errer toute seule dans un monde
pareil.
-
Ce qui veut dire ?, demanda le libraire en fronçant les
sourcils.
-
Que tu vas veiller sur elle mon cher, et je pense qu'un retour aux
sources ne te fera pas de mal.
Barrold
poussa un gémissement qui ressemblait étrangement à un grincement
de porte. Sirea étira ses lèvres en un sourire énigmatique.
« Voilà
que le destin s'est fourvoyé. Je me demande quel sera le rôle de
cette jeune fille. Elle n'est pas "cette" personne mais…
quelque chose ne va pas. Les choses deviennent finalement
intéressantes. », pensa la vielle dame.
Fin
du chapitre 4
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