Naera
Volume
1
Chapitre
6 : Le Questionnaire
Mon
cœur battait de plus en plus fort, la pièce était noire et des
murmures de voix parvenaient à mes oreilles sans que je pus deviner
combien il y en avait exactement. Elles étaient en grand nombre
c'était certain.
J'avançais à tâtons, mais heureusement rien ne vint percuter mes pieds. J'apercevais un carré de lumière au loin et je compris alors que les voix que j'entendais venaient de là. Quand j'arrivais à son niveau la lumière m'éblouit et je me retrouvais face à une bonne vingtaines d'hommes d'âge mûr. Ils étaient en grande discussion et ne faisaient pas du tout attention à moi, je les regardai d'un air franchement déconcerté. Ce que je devais faire ? Aucune idée, je m'apprêtai à m'en aller lorsqu'une voix retentit dans mon dos.
J'avançais à tâtons, mais heureusement rien ne vint percuter mes pieds. J'apercevais un carré de lumière au loin et je compris alors que les voix que j'entendais venaient de là. Quand j'arrivais à son niveau la lumière m'éblouit et je me retrouvais face à une bonne vingtaines d'hommes d'âge mûr. Ils étaient en grande discussion et ne faisaient pas du tout attention à moi, je les regardai d'un air franchement déconcerté. Ce que je devais faire ? Aucune idée, je m'apprêtai à m'en aller lorsqu'une voix retentit dans mon dos.
«
- Ne fais pas attention à ces vieux grincheux, ils débattent encore
sur qui devrait devenir le chef de l'assemblée des hauts magiciens.
Je
me retournai et aperçu un vieillard à la barbe aussi longue que la
robe violette qu'il portait et qui traînait au sol. Ses yeux
n'étaient que deux fentes et ses rides se comptaient par dizaines,
cependant un charme étrange se dégageait de sa personne et j'eus
instinctivement envie de lui faire confiance.
-
Je… ; commençai-je
-
Oh tu n'as besoin de te présenter ; me coupa-t-il ; tu
es célèbre tu sais ?
Je
rougis en repensant que je devais être celle qui était la cause de
toute cette agitation. Je fins de reprendre une certaine contenance
et me lança dans la conversation :
-
Et vous qui êtes-vous ?
-
En quoi cela peut-il bien t'intéresser ?
-
Eh bien je ne trouve pas très loyal que mon interlocuteur me
connaisse alors que je ne sais rien de lui.
J'ignore
pourquoi mais ma réponse le fit rire aux éclats. Quelques personnes
se tournèrent dans notre direction mais aucun ne sembla perturbé
par ma présence.
-
Bon ; finit-il par dire ; viens avec moi, ici ce n'est pas
l'endroit idéal pour discuter.
Je
le suivis plus docilement que je n'aurai voulu le faire. Il m'emmena
dans une salle adjacente joliment meublée de quelques fauteuils,
d'un bureau en bois sombre et surtout de beaucoup d'étagères
remplis de livres poussiéreux. D'ailleurs des livres il y en avait
partout, autant sur le sol que sur les étagères et beaucoup de
feuilles volantes traînaient ici et là. En soi ce n'était pas une
très grande pièce mais elle était très bien aménagée et les
fenêtres illuminaient fortement l'endroit. Le vieil homme s'assit
sur un des fauteuils faisant craquer quelques unes de ses
articulations au passage, puis il me montra un siège de la main et
m'invita à m'asseoir. Il se passa bien une minute ou deux de silence
pur avant qu'il ne prit la parole :
-
Bon, je suppose que tu ne sais absolument pas pourquoi tu es ici.
-
Non ; répondis-je ; et je ne sais toujours pas qui vous
êtes.
Le
vieillard sourit.
-
Mon nom est Lius Logard, je suis un maître magicien chargé en
partie de veiller sur le mur sacré.
-
Vous êtes donc un Shikaï ? Demandai-je curieuse d'en savoir
plus sur ces personnages.
-
Non, me répondit-il simplement.
-
Non ? Mais je croyais que…
-
Tu vas un peu trop vite jeune fille. Je vois que tu connais le terme
« Sahikaï » mais que tu n'en pas vraiment plus, le
capitaine Felius à dû en parler n'est-ce pas ?
-
Il m'a demandé si j'en étais un, mais je ne sais rien dessus à
part que se serait des magiciens.
-
C'est un peu plus compliqué que ça. J'ai parlé au capitaine et il
veut en effet vérifier si tu es une Shikaï.
-
Alors ? …, demandai-je doucement.
-
Alors nous allons d'abord faire un petit test et après je
t'expliquerai tout ce que tu veux savoir, d'accord ?
A
ce moment, Lius avait beau me parler de manière douce et aimable je
savais que cette dernière question n'en n'étais pas vraiment une.
Je n'avais pas le choix mais le deal me semblait équitable et puis
j'avoue moi-même avais envie de savoir si j'étais bel et bien un de
ces fameux Shikaï.
-
D'accord.
Lius
esquissa un léger sourire puis se leva avant de disparaître
derrière l'une des étagère à côté du bureau. Il en ressortit
quelques minutes plus tard les bras chargés de petites fioles et de
petits bols en bois clair. Il disposa toutes ces babioles par terre
puis commença ses expériences. Au bout d'un certain temps ou d'un
temps certain, Lius me tendit un des bols de bois contenant un petit
bloc de pierre.
-
Brise le.
-
Que je le brise ? Je peux le jeter par terre ?
-
Question idiote petite, bien sûr que non. Brise le par la pensée.
-
Comment voulez-vous que je brise un blog de pierre juste avec la
pensée ?!
-
Ne discute pas fais-le ! On verra après.
J'avoue
que j'ai longuement hésité entre me tordre de rire ou partir dans
un colère noire. Finalement je suis restée assise avec ce bol dans
les mains et l'air complètement crétin. J'essayais de me concentrer
pour « briser la pierre avec la pensée », mais la seule
chose que je réussi à faire c'est me donner mal à la tête. Le
vieux Lius finit par soupirer et me reprendre le bol, il m'en redonna
ensuite un autre avec cette fois-ci un peu d'eau.
-
Essaye de regarder à travers.
-
Je dois quoi ?
-
Essaye de voir à travers l'eau, des bâtiments des personnes que
sais-je! Essaye de voir autre chose que de l'eau.
Ses
explications ne m'aidèrent pas beaucoup. Je recommençai l'exercice
de concentration m'attendant encore à des longues minutes de silence
et une belle migraine. Mais cette fois il se produit quelque chose.
D'abord je ne vis que de l'eau, puis lentement elle se mit à tourner
sans pour autant bouger. Enfin le liquide laissa place à des
paysages, des forêts et je vis même des têtes qui me semblaient
familières.
-
Lius ! ; m'écriai-je ; je vois ! Je vois !
-
Qu'est-ce que tu vois ?; demanda le vieux magicien calmement,
toujours assit par terre entre ses fioles et ses mortiers.
-
Des gens, des paysages… c'est magnifique !
-
Bien. Rends moi le bol maintenant.
A
contre cœur je détachai mes yeux de ces visions et lui tendit le
bol qu'il reprit sans attendre. Je ne comprenais pas très bien où
tout allait mener mais je m'amusais follement. Lius continua de me
passer des petits remplis de choses plus ou moins mystérieuses, et
quand enfin il eut épuisé tout son stock de bric et broc le
magicien revint s'asseoir en face de moi.
-
Eh bien le moins que l'on puisse dire c'est que tu es… étonnante. ;
me dit-il le regard absent.
Je
ne savais pas si je devais le prendre bien ou non, et dans le doute
je préférais m'abstenir de tout commentaire.
-
Maintenant si tu le veux bien je vais te poser quelques questions et
après on pourra dire que le test sera terminé. ; reprit Lius.
-
Ben… je suppose que même si je ne suis pas d'accord vous me les
poserez quand même ; lui faisais-je remarquer.
-
Allons ce n'est pas comme si j'allais te torturer tel un prisonnier
pour que tu me réponde ; plaisanta-t-il en riant ; si tu
ne veux pas répondre je ne te forcerai pas, mais je ne peux pas te
garantir que cela sera sans conséquence.
-
Je m'en doute… ; soupirai-je bien consciente que j'étais un
peu piégée ; alors la première question ?
Lius
attrapa un tas de feuilles vierges et une plume.
-
Comment t'appelles-tu ?
« Sérieux? »
avais-je pensé avant de répondre. Si toutes les questions étaient
du même ordre le temps allait me paraître bien long.
-
Marlène Révaux.
-
Quel âge as-tu ?
-
Dix-neuf ans franchement acquis.
Et
c'est ainsi que les questions passèrent les unes derrières les
autres. J'avais l'impression de faire l'inventaire de moi-même :
nom, âge, taille, poids… A ce moment là j'avais presque
l'impression de passer une visite médicale. Je pensais en avoir fini
avec les questionnaires de personnalités depuis que j'avais quitté
le collège, mais apparemment je m'étais trompée.
Finalement
Lius paru satisfait de mes réponses.
« Normal ;
pensais-je ; je lui ai détaillé une par une chaque cellule de
mon corps, il manquerait plus qu'il ait quelque chose à redire! »
Le
vieillard prit une nouvelle feuille
-
De quelle ville viens-tu ?
-
Bargelès.
La
main de Lius tiqua alors qu'il s'apprêtait à écrire.
-
Où ça? ; demanda-t-il sans lever la tête.
-
Ben Bargelès.
Il
y eut un temps de silence où je me sentis étrangement très mal à
l'aise.
-
Peux-tu me l'épeler je te prie.
Je
fus très étonnée du calme et de la sérénité de ce vieux
bonhomme. A part ce léger mouvement de la main il ne m'avait pas
lancé de regard surpris ou choqué, mais je savais que ce n'était
pas une bonne nouvelle pour autant.
-
Comment es-tu arrivé ici ?
-
Je… (je réfléchis quelques secondes), en rêve, finis-je
par répondre.
Cette
fois le pauvre homme leva la tête et me lança un regard remplit de
surprise et d'incompréhension.
C'est
ce moment là que choisit le capitaine pour entrer dans la pièce et
croisa le regard du magicien. Je me maudis alors mentalement de ne
pas avoir menti.
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