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samedi 13 août 2016

Naera chapitre 3

Naera

Volume 1 

Chapitre 3 : Les cicatrices qui ne disparaissent jamais

La saison des pluies touchait à sa fin. L'herbe et le feuillage des arbres étaient plus vert et plus brillants que d'ordinaire. Le silence et la brise rendaient l'instant vraiment agréable. Fichue pluie, elle gâchait tant le paysage. Moi je regardais d'un air vague et las les gouttes d'eau s'écraser contre les carreaux de ma chambre. Le ciel était d'un gris infini, aussi froid que les murs de ma bulle.


Maman n'a jamais aimé la couleur. Depuis la mort de mon père elle était devenue de plus en plus agressive et supportait de moins la compagnie d'autres personnes, moi inclus. C'était ces jours-là où la disparition de mon père m'accablait le plus, il était le seul qui me comprenait vraiment et qui savait trouver les mots justes et aujourd'hui j'honorais sa mémoire, célébrais l'anniversaire de sa mort. Ce qu'il me restait d'un passé heureux ? Deux trois photos jaunies où sur l'une d'entre elles on pouvait voir la famille au complet. Une seule photo. On y voyait ma mère, mon père et moi. Je l'examinais, songeuse. Les souvenirs ressurgissaient aussi brutalement que les larmes qui coulaient de mes joues.

Trois ans auparavant mon père revenait de son travail. Il avait été muté à six heures de la maison et ne pouvait pas rentrer souvent. Papa était revenu spécialement pour moi, pour mon anniversaire, mais il n'est jamais arrivé. Vers cinq heures de l'après midi on téléphonait à la maison et ma mère répondit. Je compris que quelque chose de grave s'était produit sans même savoir ce qui s'était dit. Ma mère avait quittée la maison sans rien dire et je m'étais retrouvée seule devant mon repas de fête et mes deux cadeaux. J'étais restée éveillée toute la nuit et avait contemplé les bougies jusqu'à ce qu'elles soient complètement fondues. Puis j'avais enfin entendu un grincement de porte et des talons claquant sur le sol. J'avais sauté de la chaise et avait couru vers la porte d'entrée avait d'avoir le souffle coupé d'effroi en voyant le teint livide de ma mère. Elle avait croisé mon regard et avait fondue en larmes dans mes bras. Maman n'eut pas besoin de me dire quoique se soit, j'avais compris que je ne reverrais jamais mon père. Mon dernier souvenir de cette effroyable journée était ma mère et moi, pleurant dans les bras l'une de l'autre comme si on nous avait arraché le cœur.

J'étais revenue à la réalité en entendant un toquer à ma porte. J'ouvris sans en avoir envie, je ne voulais voir personne. A peine l'avais-je entrebâillé que la porte s'ouvrit avec force et claqua contre le mur. Dans l'encadrement apparut Luciane et son éternelle chevelure blonde scintillante. Elle tenait un gros paquet emballé dans un joli papier cadeaux rose pâle recouvert d'un ruban violet.

- « Joyeux anniversaire petite Marlène ! Dix-neuf ans ça se fête !, lança-t-elle avec un sourire sincère en me tendant son cadeau.

- Bonjour Luciane, dis-je faiblement, je … merci beaucoup (je pris le paquet et m'assit sur le lit), mais je pensais que tu devais aller au cinéma cette après-midi.

- J'ai menti, avoua-t-elle en haussant les épaules, je voulais te faire une petite surprise. Je sais que tu n'es pas vraiment d'humeur mais je voulais être avec toi pour ce jour un peu… particulier.

- Oui on peut le dire, c'est un jour particulier. (Je m'efforçais de lui sourire mais je ne parvenais qu'à esquisser un espèce de grimace.). Tu n'étais pas obligée de te donner tant de mal tu sais, je te connais assez bien pour savoir que tu penses toujours à moi le jour de mon anniversaire.

- Je ne me suis pas sentie obligée, répondit-elle vexée, je l'ai fait parce que tu es mon amie et que je voulais te faire plaisir. Je n'ai jamais osé le faire avant parce que j'avais peur de te froisser, mais aujourd'hui je voulais que tu vois ce jour moins noir que d'habitude.

- Je… , (je baissais les yeux embués de larmes), merci beaucoup Lu. Tu me comprends aussi bien que mon père.

- Je ne me permettrai pas de parler en son nom mais je pense que tout père souhaite voir sa fille heureuse le jour de son anniversaire.

- Tu as raison, murmurais-je, mon père a toujours tout fait pour me rendre heureuse.


Un silence s'installa.

- Dis…, tenta Luciane.

- Oui ?

- Tu es fâchée contre moi ?

- Pas du tout ! , m'étonnais-je, pourquoi tu dis ça ?

- Mon cadeau, dit-elle en le pointant du doigt, il est sur tes genoux mais tu n'as pas l'air décidé à l'ouvrir.

- Oh ! Désolé je n'y pensais plus, m'excusais-je, je vais l'ouvrir tout de suite.


Je dénouais le ruban et ouvrit le paquet en essayant de déchirer le moins possible l'emballage. Ma nature d'économe prenait toujours le dessus quand il s'agissait de recycler les papiers cadeaux. Le paquet était étonnement léger par rapport à sa taille. Quand j'ouvris le carton, un large papier coloré plié se tenait à l'intérieur. Je le pris avec une grande délicatesse et commençais à le déplier. Luciane me fit un sourire si chaleureux et amical que j'eus presque envie de pleurer. Une fois l'énorme papier déplié je m'aperçus que se n'était pas n'importe quel bout de papier, mais une immense carte du monde aux allures de parchemin. J'en restais bouche ouverte et yeux écarquillés.

- Tu m'as toujours dis que tu en voulais une, dit Luciane, alors je me suis débrouillé pour en trouver une que tu pourrais accrocher dans ta chambre.

- Lu… elle est incroyable ! Comment t'as fait pour en trouver une comme ça? Les seules que je trouvais faisais carte d'histoire-géo.

- Petit secret, répondit la jeune fille avec un clin d’œil.

- J'ai pas les mots pour te dire à quel point ça me fait plaisir.

- Tu vois Marly, j'ai pas besoin de mots là, ton sourire c'est la plus belle des récompenses pour moi. »

Sans comprendre je me sentis vraiment heureuse. C'était la première fois depuis la mort de papa que j'avais réussi à sourire le jour de mon anniversaire. J'avais oublié ce que c'était que d'éprouver de la joie de recevoir un cadeau, de passer un bon moment avec des amis et de penser à autre chose. Ses larmes que j'avais refoulées si longtemps en moi coulèrent soudain sans que je puisse les arrêter. Mon amie me prit dans les bras et je pleurai encore pendant quelques minutes.

Le soir, je contemplais cette grande carte du monde accrochée au mur en face du lit. Lorsque j'étais petite mon père me racontait des tas d'histoires qu'il avait vécu durant ses voyages. A travers ses récits il m'avait transmis ce goût pour le voyage et l'aventure, et je n'avais plus eu en tête que l'idée de parcourir le monde. Mais après sa mort ce rêve s'était éteint avec lui. Mes pensées dérivèrent jusqu'à ces rêves que je faisais depuis deux jours, ce mur était-il une métaphore de ma vie ? Chaque soir lorsque je m'endormais je me retrouvais assise sur ce mur, les jambes dans le vide et le cheveux aux vent. Ce goût de liberté et de sérénité était si plaisant que chaque je souhaitais ne jamais me réveiller. Toutes les nuits il me faisait voyager à sa manière, à moins que ce ne fut mon esprit ? Une nuit je me trouvais face à un désert, et la suivante voilà que je découvrais une forêt aussi grande que l'Amazonie. Je restai devant cette carte aux couleurs de nostalgie et me laissai porter par mes rêveries.

Une fois certaine de tomber de sommeil, je me mettais en pyjama et filais me coucher. J'attendis bien une bonne heure avant de m'endormir réellement. Un brouillard envahit mon esprit, je tendis les mains mais ne rencontrais que le vide. Puis une lumière vive m'éblouit et je me retrouvai une nouvelle fois perchée toute en haut de ce mur. Son contact avait quelque chose qui m'était désormais familier, je regardai droit devant et découvrit une gigantesque ville comme on en voit dans les pays du Moyen-Orient. Les bâtisses aux toits dorés et aux murs blancs dégageaient une certaine fraîcheur, les fenêtres aux contours bleutés faisait penser aux maisons de bord de mer. Un grand bâtiment s'élevait parmi les nombreuses autres architectures. Les couleurs de certaines étaient vives, teintées de rouge, de jaune de vert et même de rose. Je remarquai alors que la ville était entourée d'un mur semblable à celui sur lequel j'étais assise, à la différence que celui de la ville donnait naissance à des centaines de petites cascade d'eau cristalline. J'étais totalement absorbée par mon analyse et ne fit pas attention à la petite fissure qui s'était formée à côté de ma main gauche.

Quelques minutes plus tard je finissais enfin mon inspection du paysage et sentis un mouvement sur ma main. Je la regardai et m'aperçus qu'une affreuse bête noir de la taille d'un cafard se trouvait sur le dos de ma main. Je poussai un cri et la secouai, la bestiole tomba côté de moi et sans réfléchir je tapa de toutes mes forces pour l'écraser. Un craquement horrible se fit attendre et je relevai non sans dégoût ma main. Mais au lieu de voir un insecte écrasé je vis un trou, il manquait un morceau de mur. Puis il y eut un bruit sourd et plusieurs craquements. Mon pouls s'accéléra, la peur me gagna en un instant. Je me réveillai dans ma chambre sans comprendre, le corps en sueur. J'ignorais encore que ce geste maladroit allait me coûter bien plus qu'un petit bout de mur.



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