Bienvenue! Vous êtes à Anahareïn


Rechercher dans ce blog

Avant de partir à l'aventure

Wowowo attends attends! Avant de partir te perdre dans les différents univers, je te donne juste mon petit conseil pour que tu puisses bien te repérer. Commence par faire un tour sur la page d'accueil, ça pourrait t'être utile.

Pour y accéder tu peux cliquer sur l'onglet "Page d'Accueil" là juste en haut à gauche. Voilà c'est tout, bonne lecture!

samedi 13 août 2016

Naera chapitre 2

Naera

Volume 1


Chapitre 2 : Les limites de ma réalité

La jeune fille avait des traits fins et réguliers. Sa peau à la teinte légèrement rosé et ses yeux d'un vert éclatant étaient encadrés de grosses boucles blondes qui descendaient en cascade jusqu'en bas du dos.


La pâleur de ses jambes fines et dénudées ressortait plus que d'ordinaire,sans doute à cause de la couleur sombre du banc sur lequel elle était assise. Le top vert pomme qu'elle portait la rendait irrésistible, surtout que la coupe du vêtement ne couvrait pas son épaule droite. Son short en jean troué bleu clair en revanche était à la limite de l'indécence. Lorsqu'elle leva la tête de son téléphone et me vit, Luciane sourit et me fit un geste de la main. J'avançais vers elle et me faisais la réflexion que je ne connaissais aucune autre fille aussi belle. La voir aussi souriante et détendue ne me rendait que plus nerveuse et angoissée. Arrivée à sa hauteur je lui adressai un sourire un peu forcé et m'assis à sa gauche. Luciane si belle et si gentille, à la peau si clair et lisse, aux cheveux si longs et soyeux… nous ne pouvions pas être plus éloigné en terme et d'apparence physique et de caractère. La seule chose que je ne lui enviais pas était sa voix trop aigu. Elle me lança un regard franc et sans cesser de sourire entama la conversation :

- « Eh bien Marlène t'en fais une tête ! Il ne faut pas avoir si peur pour quelque chose comme ça, surtout que je suis persuadée que tu l'auras ton année !

Luciane parlait avec un léger accent canadien tout à fait charmant. Je ne pouvais m'empêcher d'esquisser un sourire.

- C'est facile pour toi de dire ça Lu, tu es forte dans toutes les disciplines et même si tu as une mauvaise moyenne dans l'une, les autres la rattrapent sans problème.

Je m'efforçais de parler d'un ton neutre, mais le son de ma voix trahissait cette note d'exaspération que je ressentais. J'étais un peu en colère je l'avoue. Luciane ne se contentait pas d'être belle et gentille, elle était également une très bonne élève. Une fille comme elle ne devait sans doute pas faire de rêves aussi étranges que les miens, du moins ceux dont je parvenais à me souvenir. Mon amie éclata de rire.

- Peut-être, mais toi tu as durement travaillée pour l'avoir contrairement à moi. (Elle me fit un clin d’œil). Et le jour où mes moyennes ne se rattraperont plus les unes les autres et qu'elles couleront, tu peux être sûre que les tiennes surferont dessus !

- Olà doucement ! lançai-je, faudrait déjà que les miennes apprennent à nager.

- Dans ce cas tu devrais leur acheter des brassards pour commencer.

On se regarda quelques secondes dans les yeux avant d'exploser de rire. Lentement ma boule de stress rétrécissait, sans pour autant disparaître. Je ne voulais pas l'admettre mais rire me faisait du bien. Nous séchions tranquillement les quelques larmes de rire qui avaient coulées lorsqu'un cri d'enfant retentit.

« Papa papa ! Dépêche toi papa on va être en retard à l'école! »

Ma joie et mon sourire moururent dans la seconde qui suivit. Trop de souvenirs resurgissaient. Papa. Le lendemain nous célébrerions l'anniversaire de sa mort, déjà trois ans. Le temps passe tellement vite. Luciane s'était aussi arrêtée de rire et me regardait d'un air à la fois grave et compatissant. C'est le genre de regard qui vous insupporte et vous réconforte en même temps. Vous vous sentez moins seul. Je détournai le regard de cette bref vision et affrontai le regard de mon amie. Elle soupira en baissant les yeux.

- Marly… je sais que c'est pas la meilleure période de l'année pour toi et je sais aussi que tu fais beaucoup d'efforts. Mais n'oublie quand même pas que demain c'est aussi ton anniversaire.

C'est vrai, le lendemain était aussi mon anniversaire. Quelle drôle de coïncidence quand on y pense. Mais depuis la mort de mon père je ne peux plus penser à ce jour comme un jour heureux, c'est trop me demander. Comment fêter le jour de sa naissance quand une partie de soi sans est aller le même jour ? J'allais avoir dix-neuf ans et j'aurai aimé que le temps n'exista pas. Cependant je tentai de prendre sur moi et adressai une sourire qui se voulait réconfortant à Luciane, son visage redevint doux et léger.

- Désolé de t'avoir inquiété Lu, ça va un peu mieux aujourd'hui… ça commence être loin.

- Tu sais Marlène je vais pas te sortir les éternels discours du genre « le temps fera son œuvre » ou « il faut savoir passer à autre chose », je sais très bien que c'est du blabla faux et inutile. Mais je veux vraiment que tu parviennes à continuer de sourire et à avancer, même si je sais que les parents sont des êtres irremplaçables.

- Merci Lu, disais-je avec un sourire, ce qui me fait vraiment plaisir c'est que tu me comprennes et que tu sois là avec moi, à me chambrer avec mes moyennes.

Elle me donna un petit coup de coude en riant. Je ne sais pas du tout pourquoi mais la présence de Luciane était comme un baume sur une plaie ouverte. C'était cette brise de fraîcheur dans la lourde chaleur de l'été, je n'avais besoin de rien d'autre.
Nous continuâmes à discuter de tout et de rien. Nous étions si absorbées dans notre débat sur le meilleur moyen de manger une glace double choco-caramel amandes sans se tacher que nous n'avions pas vu la masse de gens qui s'était formée devant le grille de l'université. Juste après l'avoir remarquée je regardai ma montre, neuve heure cinquante. Plus que dix minutes, mon angoisse était à son paroxysme. Voyant mon état, Luciane me massa l'épaule et m'aida à me lever. Plus nous approchions des grilles et plus les visages m'étaient familiers. Je croisai Jasmine, une fille de ma classe très dynamique et très sympa. Plus loin j'aperçus Tyffanie ma binôme en classe de TP et lui lançai un bonjour d'une main tremblante. Les minutes et les visages défilaient, je ne savais plus très bien quoi faire. Ma tête tournait et j'avais les jambes en coton. Enfin dix heures sonna et le personnel de l'administration ouvrit les grilles. Tous les étudiants se ruèrent vers les panneaux d'affichages et on entendit bientôt les cris de joie résonner.

- Allez viens, me dit Luciane, tu ne vas pas rester devant le portail toute la matinée, il te faut bien être fixée.

Avec toute cette agitation je n'avais pas réalisé que j'étais restée plantée comme une statue devant les grilles ouvertes. Reprenant mes esprits je vis Luciane toujours à mes côtés qui me lançait un regard inquiet et impatient.

- Pardon, dis-je, j'ai eu un léger bug.

La jeune fille me fit un câlin et me tira doucement le bras tout en souriant, mais cette fois son sourire trahissait une note d'inquiétude.

Plus j'avançai, plus je réalisais que la situation avait quelque chose d'absurde. Pourquoi me m'étais-je dans un tel état pour une note sur un tableau ? Je ne jouais pas ma vie, je ne jouais même pas mon avenir. Si jamais mon nom ne se trouvait pas sur cette liste il me restait encore beaucoup de possibilités et d'opportunités. Alors pourquoi me sentais-je si stressée au point d'en avoir mal ? Je réalisais que ma vie reposait sur des fondements bien futiles. Des notes, des résultats, des cours… rien de bien important. Enfin je me retrouvai face à la liste après avoir fait des pieds et des mains pour y parvenir. Je la parcourrai de haut en bas en me rongeant les ongles, mais impossible de me voir tant il y avait de noms. Soudain Luciane poussa un cri de joie et m'adressa un regard pétillant de bonheur et de soulagement.

- Félicitations, lui disais-je avec un sourire feint. Je tentais vainement de retenir mes larmes montantes.

- Mais viens ! Viens voir !, dis la jeune fille en me tira le bras. Elle m'emmena vers une autre fiche pointa du doigt un nom.

Il me fallut du temps pour réaliser que ce n'était pas le sien qu'elle me montrait mais le mien, trois noms au dessous. Le poids qui m'avait pesé sur l'estomac la veille et toute la matinée disparue d'un coup. Je poussai un grand soupir comme si mes poumons recommençaient à fonctionner. Les voilà donc, les limites de ma réalité. Voir son nom sur une fiche de résultats en ayant l'impression d'avoir sauvé le monde de la troisième guerre mondiale. Voilà donc tout ce dont j'avais besoin pour vivre. Le temps d'une seconde je me revis perchée sur ce mur. J'essayai de retrouver la plénitude et la sérénité que j'avais ressenties, en vain. Je savais que je ne serai pleinement heureuse qu'une fois que je serai chez moi, les yeux fermés sur mon lit.

En rentrant ce soir là, je me sentais neutre. Je ne ressentais ni joie ni peine bien que je fus adulée par ma mère et ma petite sœur. J'avais réussi, j'avais comblé les attentes des autres. Je prétextais une grande fatigue dû au stress de la journée pour aller m'enfermer dans ma chambre, seule bulle de confort de la maison. Mignon miaula à ma porte jusqu'à ce que je daigne lui ouvrir. Je renfermai ensuite la porte et retournai sur mon lit. Il s'allongea sur moi en ronronnant, je fermai les yeux et laissai aller mon esprit.

Ce soir là, perchée sur ce mur à la longueur infinie je contemplai l'étendue de la forêt qui se tenait devant moi. Un calme et une douceur incommensurable régnait dans mon corps et mon esprit, et je n'avais plus qu'une envie : échapper à ma réalité. 



Suite >>

Aucun commentaire: