Le
Monde de Graha
Volume 2
Volume 2
Chapitre
1 : Enfance
Voilà
comment on meurt.
Vous me direz ça n'a rien d'extraordinaire, tout le monde meurt un jour. Mais j'avoue que ma mort est plus incroyable que les autres non pas parce que c'est la mienne, mais plutôt parce que je fus la gardienne de la dernière des Yörkta, qui signifie sang de dragon.
Vous me direz ça n'a rien d'extraordinaire, tout le monde meurt un jour. Mais j'avoue que ma mort est plus incroyable que les autres non pas parce que c'est la mienne, mais plutôt parce que je fus la gardienne de la dernière des Yörkta, qui signifie sang de dragon.
Elle
ne devait pas avoir plus de 4 ans la première fois que je l'ai
rencontré. Whamé était une petite fille aux joues roses et yeux
mordorés. Elle avait les cheveux noirs aux reflets bleutés et il y
avait dans son expression une forte volonté d'exister. C'est
pourquoi je l'ai recueilli et pris soin d'elle pendant près de
treize années. D'où elle venait je l'ignorais totalement et n'avais
pas la moindre envie de le savoir, cependant j'étais loin d'imaginer
qu'elle allait avoir le monde de Graha. Ce n'est que cette fameuse
nuit que je compris ce à quoi elle était destinée.
C'était l'un
de ces rares soirs où les dieux versaient leur colère sur le monde,
où la pluie le vent et les éclairs faisaient rage, réduisant ainsi
le moindre corps vivant à un simple grain de sable. Personnellement
j'ai toujours détesté les soirs d'orage, à l'inverse Whamé les
adorait et restait parfois toute la nuit le nez collé à la fenêtre
de notre petite cabane pour se délecter du spectacle. Cette étrange
fascination pour le temps orageux contrastait énormément avec son
caractère. C'était une enfant plutôt calme et joyeuse avec un
sourire aussi innocent qu'insouciant toujours collé sur son visage.
Je me surpris souvent à la contempler en me faisant chaque jours les
mêmes réflexions et ce, malgré les années passantes. Whamé
devint de plus en plus belle. Dans son enfance j'admirais la finesse
de ses traits si bien dessinés, qui contrastaient avec les rondeurs
poupines que devrait avoir un enfant. Au début de son adolescence je
me surprenais à envier son teint toujours lumineux et clair et d'une
peau dénuée de la moindre imperfection. Ses cheveux noirs bleutés
étaient soyeux et lisses. Enfin, à ses dix-sept ans et demi je
remarquais l'éclat et le feu ardant de ses yeux illuminés par les
rayons du soleil. Leur couleur dorée brillait autant que les pierres
précieuses et leur feu plus ardant que celui d'un volcan des plaines
des terres brûlées. Whamé était de loin la plus belle jeune fille
que j'ai jamais vu. Pourtant, j'éprouvais toujours en la regardant
un sentiment de tristesse infinie et son regard semblait emplit d'une
détresse dont elle-même ne devait pas avoir conscience. Whamé.
Égale à elle-même. Belle et souriante, jusqu'à cette fameuse
nuit.
Il
faisait un temps épouvantable, sans doute la pire tempête que le
monde est porté durant ces 300 dernières années au moins. Whamé
était, comme à son habitude, le nez collé à la fenêtre. Un
immense sourire dessiné sur son joli minois et les yeux brillant
plus qu'à l'ordinaire, comme à chaque tempête. Les éclairs
illuminaient la nuit, et c'est grâce à eux que Whamé fut en partie
sauvée. Il me semble que c'est une nuit d'automne, un soir où
l'hiver commençait à frapper aux portes. Les guerres faisaient
rages comme toujours et ne cessaient de s'étendre à travers
l'ensemble du territoire. J'avais appris pars quelques commerçants
de passage qu'elles se faisaient plus sanglantes et plus violentes
ces derniers temps sans que personne ne sache pourquoi, pas
même ceux qui les organisaient.
On
cogna à la porte. Je m’apprêtais à aller ouvrir lorsque la voix
de Whamé m'arrêta. « N'ouvres pas ! ». Mon bras
tendu immobile, la main au dessus de la poignée. Pas le temps d'en
dire plus, la porte vola en éclats et des hommes vêtus d'une
cuirasse noire ornée d'un symbole rouge sur le côté gauche de la
poitrine entrèrent. Ils avaient des casques surmontés de pique et
ils étaient si nombreux qu'il m'était impossible de les compter.
J'étais dépassée par la situation mais mon instinct me disait
que nous étions en danger, Whamé en particulier. Alors que j'étais
étendue au sol face à ces hommes, je tentais vainement de trouver
une échappatoire. Whamé n'avait pas bougé mais son regard
trahissait son attitude légère, elle était morte de peur. Soudain
une idée tout aussi dangereuse que lumineuse me vint à l'esprit.
Même si je n'avais plus vingt ans je savais que je serai assez
rapide et que je prendrai nos ennemis de court. Ils commencèrent à
s'avancer vers ma protégée, il me fallait agir vite. Lorsque celui
qui me semblait être le chef de cette bande n'était plus qu'à
quelques centimètres de Whamé, je me levais brusquement et avant
que quiconque ait pu bouger je plongeais mains tendues sur la jeune
fille et récitai une incantation, et aussi mes dernières paroles.
Une formule interdite par les dieux eux-mêmes. Une vie pour une vie,
voilà comment je suis morte.
Mais
je ne me suis pas présentée. Je m'appelle Iovo, j'ai vécu pendant
de nombreuses années sur les terres brûlées ou comme on les nomme
aujourd'hui le royaume de Vagnar. Je suis comme vous vous en doutez
une magicienne et j'ai étudié à Hoharng dans les terres de l'Est
de Graha. Le royaume des terres de Vagnar est une des terres les
moins sûres et j'ai fini par partir pour m'installer au royaume de
Kirlani. J'ai trouvé et recueilli Whamé à quelques lieux de la
ville de Cab, réputée pour son commerce maritime. J'avoue que
l'idée de fonder une famille ne m'avait jamais traversée l'esprit
jusqu'au jour où j'ai rencontré cette petite fille. Whamé est le
nom que je lui ai donné, c'était le troisième nom de ma grande
sœur Kirla. Enfin. Je ne pense pas que ma vie intéresse beaucoup de
monde mais vous voilà renseigné. Quant au sort que j'ai lancé sur
Whamé, il s'agit du sortilège du Livropacereloubia. Ce sort oublié
de tous est très dangereux mais c'était hélas le seul moyen de
sauver ma petite fille. Pour faire court, ce sort envoie la personne
visée dans un autre monde appelé ici terres de la Réalité ou
monde Réel. Je l'ai appris il y a bien longtemps dans un vieux
grimoire. Ce livre raconte que le monde Réel est une sorte de monde
miroir à celui de Graha. Personne ou presque n'en connaît
l'existence, et c'est là que j'ai envoyé Whamé. Mais ce n'est pas
tout, car on ne défit pas impunément les lois des dieux et on ne
traverse pas la frontière entre ces deux mondes sans en subir les
conséquences. Le prix à payer est l'aspiration totale de l'énergie
vitale du jeteur de sort et la perte complète de mémoire des
événements antérieurs à la traversé. Ainsi, Whamé a oublié le
monde de Graha.
End
of Chapter 1
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