Le Monde de Graha
Volume 2
Chapitre
2 : Mademoiselle Ellie Varmor
Elle
ouvrit brusquement les yeux et vit son professeur de physique monsieur
Salvez devant elle, le teint rougit par la colère.
Ellie ?
Ce nom lui semble étranger, comme si ce n'était pas le sien.
Varmor ? Une vieille famille française à la richesse aussi
pompeuse que leur nom. Ellie, ce nom sonne tellement faux qu'elle
aurait envie de sourire, mais elle n'y parvient pas, quel nom
pathétique. Puis elle remarque son professeur qui menace d'exploser,
se souvient de la question et y répond comme si de rien n'était. La
tête de son professeur la remplit de satisfaction lorsqu'elle
remarque son expression, un mélange de colère et de surprise.
Encore une fois elle l'humilie devant toute la classe, mais elle s'en
fiche c'est lui qui l'a voulu. Ce dernier rejoint le tableau en
pestant et quelques minutes plus tard la sonnerie retentit, marquant
la fin des cours pour la journée.
La
jeune fille vagabonde dans les couloirs somptueux de son lycée,
l'esprit ailleurs. Ce n'est pas la première fois qu'elle s'endort en
cours, ce n'est pourtant sa faute si toutes les nuits elle fait des
cauchemars qui l'empêchent de dormir. Ellie soupire et regarde avec
ennui le cadre prestigieux autour d'elle. Le lycée des Absynthes est
un vieux lycée au prestige reconnu depuis longtemps. Il n'accueille
que les enfants de riches familles et de la vieille noblesse, une
noblesse de France totalement oubliée. Ellie fait partie de la
famille Varmor, une vieille famille française réputée pour la
qualité de sa production de vin. Mais tout ce dont Ellie se souvient
c'est de s'être réveillée un beau jour dans une immense et
luxueuse chambre dans la maison principale de la famille située dans
le sud-ouest de la France. Elle n'a aucun souvenir de son enfance et
les vieilles photos encadrées dans le salon d'elle enfant avec ses
parents ne lui évoquent rien. Puis elle fût envoyée au "Lycée
des Absynthes"
du côté de Paris. Voilà à quoi se
résume sa vie. Jusqu'à aujourd'hui Ellie ne s'était jamais posée
de questions et n'en avait jamais posées, mais depuis que son
professeur l'avait appelée, Ellie sentait son identité et sa vie
complètement… artificielle. Sa vie n'a rien de bien passionnant et
sa famille lui semble aussi chaleureuse que la banquise du pôle
Nord. Quant à ses soi-disant amis, ils sont aussi sympathiques que
les épines d'une rose. La jeune fille s'ennuie à mourir dans son
école car sans qu'elle sache pourquoi, elle sait déjà presque tout
ce que ses professeurs ont mis tant de temps à apprendre et à
enseigner. Elle ignore tout autant d'où lui vient cette facilité à
apprendre sans effort, ce qui suscite l'admiration et la jalousie
parmi les autres élèves, mais cela lui est égal. Elle inspire
également la crainte car la jeune fille affiche constamment un air
froid et distant, parfois suffisant et hautain d'après quelques
langues de vipères.
Ainsi,
Ellie ne se souvient même pas de la dernière fois qu'elle a rit ou
même sourit. Le monde lui semble insipide et morne.
Perdue
dans ses pensées, elle rejoint sa chambre qu'elle partage avec deux
autres filles. Elle ne leur parle jamais. Ellie finit par se dire
qu'elle doit faire peur aux filles, à l'inverse des garçons qui ne
cessent de la dévorer des yeux dès qu'elle passe dans un couloir
et ce quelque soit leur âge. Elle dégage un tel charisme que même
certains professeurs se retournent parfois sur son passage, mais la
vérité serait plutôt qu'Ellie est sans nul doute la plus belle
fille du lycée. Là encore un détail vient la titiller, à savoir
son manque de ressemblance avec ses parents. Sa mère a les cheveux
blonds et son père est d'un brun chocolat, et tout deux arborent un fier
regard marron foncé. Ellie a les cheveux naturellement noirs avec
des reflets bleutés et ses yeux sont mordorés. On ne peut pas dire
que la ressemblance soit frappante. Peut-être tient-elle d'un
illustre ancêtre de la famille, mais personne ne le lui confirmera
jamais.
La
jeune fille s'allonge sur son lit en poussant un long soupir, encore
une journée ennuyeuse et des minutes de vie gaspillées. Ellie ne
les compte plus. En quelques minutes, la jeune fille s'endort et
après une courte sieste la voilà réveillée par la cloche de
l'appel. Elle se lève péniblement, ses cheveux parfaitement lisses
et soyeux, comme si elle sortait de chez le coiffeur, n'ont même pas
un nœud. Elle se rend dans le grand salon tapissé de papier peint
vert émeraude recouvert de lys dorés en guise de décoration, et
attend patiemment d'être notée présente.
Mademoiselle
Labrin fait l'appel à haute voix : « Catherine Delveaux,
Simone de Rigerd, Louis-André-Christophe de Lavalière…. Ellie
Varmor. » Ellie répond sur un ton las « Présente. ».
Bien sûr qu'elle est présente, comment pourrait-elle s'échapper de
cette prison dorée où l'on trouve des caméras de surveillance dans
tous les coins de chaque couloir ? Et pourtant, que ne
donnerait-elle pas pour partir d'ici. Goûter au vent frais lui
fouettant le visage, la pluie glacée d'automne couler sur sa peau et les
éclairs, voir ces magnifiques éclairs illuminer le ciel, puis
galoper sur la grève pendant des heures à cheval. Ellie n'est
jamais monté à cheval, pourtant elle sait instinctivement que cela
lui plairait, le bien être et l'impression de liberté que cela lui
procurerait. Que ne donnerait-elle pas pour voler ! Sur un
aigle, un condor, un vautour ou même à dos de dragon, quitte à
rêver. De plus sans savoir pourquoi, Ellie s'est toujours sentie
extrêmement proche de ces créatures. Soudain la voilà retirée de
ses pensées par le cri de joie des filles qui s'extasient à
l'annonce de mademoiselle Labrin du quartier libre, dans l'enceinte
de l'établissement, jusqu'au dîner. Comme à son habitude, Ellie
file discrètement à la bibliothèque, remontant à contre courant
le flot de jeunes filles en fleurs se dirigeant vers le petit salon
pour prendre le thé du soir. La jeune fille rase littéralement les
murs puis se met presque à courir pour se retrouver dans son endroit
préféré au sein de cette prison : la bibliothèque.
Elle
aime cet endroit pour son calme et sa richesse, mais surtout car
c'est le seul endroit où l'on peut s'évader pour quelques heures.
Ellie a déjà parcouru la moitié de l'immense bibliothèque,
s'étalant pourtant du rez-de-chaussé au troisième étage. Elle
raffole des livres scientifiques et philosophiques, elle les trouve
comiques, mais son vrai pêché mignon sont les livres d'aventures.
Il lui arrive de fouiller pendant des heures la moindre parcelle de
la bibliothèque dans l'espoir de trouver un de ces si rares ouvrages
follement attirants. Les histoires de magie noire, de princes maudits
et de chevaliers en détresse ne cessent de l'émerveiller, mais elle
aime par dessus tout les créatures fantastiques qui peuplent ces
récits dont notamment les dragons. Elle se perd tellement dans ses
lectures qu'il lui est arrivé de se faire sévèrement réprimander
un soir pour avoir manqué l'appel du dîner. Depuis, Ellie met une
petite clochette sur la poignée de la porte qui retentit fortement
lorsque les élèves passent en masse, ce qui n'est le cas qu'au
moment du dîner, et qui signifie donc la fin de la liberté pour la
jeune fille. Elle aurait utilisée la sonnerie du portable si ce
dernier n'était pas interdit dans l'enceinte de l'école, la
poussant ainsi à trouver cet ingénieux stratagème.
Ellie
se mit donc à la recherche d'une juteuse histoire d'aventure à
dévorer pendant une heure. Dix minutes plus tard elle s'assoit au
milieu de la pièce , énervée. Rien ! Il n'y avait rien qui
l'intéressait. Ne se trouvait plus que les livres qu'elle avait déjà
lu une bonne dizaine de fois. La jeune fille s'allongea sur le sol en
soufflant et en étendant les bras. Le doux murmure du silence qui
parvenait à ses oreilles lui faisait un bien fou, elle ferma les
yeux.
D'abord
le noir. Puis un mot, une phrase, incompréhensible. Soudain une
image, nette et précise, parvenue comme une gifle. Une vieille femme
allongée sur un vieux planché en bois, un air douloureux sur le
visage. Elle crie quelque chose à Ellie en tendant la main vers
elle, mais la jeune fille ne parvient pas à entendre ni comprendre
ce qu'elle lui dit. Tout devient flou, puis le noir à nouveau. Une
autre image ! Un ciel chargé d'éclairs violets, une forte
pluie comme Ellie n'en a jamais vu, un vent si fort que certains
arbres sont déracinés et que tout ou presque s'envole. Au milieu de
se splendide fléau, une silhouette, puis deux, puis dix, bientôt
elle ne parvient plus à les compter. Des armures sombres avec une
tache rouge au cœur. Qui sont-ils ? Elle ne sait pas, mais son
instinct lui dit qu'ils viennent pour elle. Ellie éprouve soudain
une peur immense, elle veut détourner le regard mais son corps ne
lui obéit pas. Elle entend : « Fuis ! Fuis ! ».
Qui lui dit ça ? Elle n'a jamais entendu cette voix.
« Fuis ! ». Les hommes sont proches maintenant, ils ont défoncé la porte et sont à quelques centimètres. Elle voit
l'un d'eux se rapprocher, il porte un casque orné de piques, la
tache rouge sur sa poitrine brille.
Un
dragon !
Ellie
ouvre brusquement les yeux, elle est étendue sur le sol de la
bibliothèque. « Un rêve, pense-t-elle, un cauchemar, encore
un. ». Mais celui-là est différent, il était net. Ellie se
lève lentement et grimace, engourdie et sa tête lui faisant
atrocement mal. Elle parvient à se mettre en tailleur et commence à
analyser la situation. Un rêve, un cauchemar, ce n'est pas le
premier mais celui-là semblait… réel. Chaque détail est encore
précisément ancré dans sa mémoire, sa tête pique comme si sa
chair était à vif. Elle se souvient de tout, ce qui n'est pas
toujours le cas. La femme, l'orage, les hommes, leurs armures et le
symbole, un dragon… un dragon. A ce mot, Ellie frissonne. Sans
savoir comment ni pourquoi elle sent, elle sait qu'elle connaît ce
dragon rouge. Il lui est familier. La jeune fille se fait la
réflexion que le dragon est sans nul doute sa créature magique
préférée et toutes ses histoires préférées en parlent. Les
dragons. Êtres majestueux et dangereux, fascinant et hypnotisant,
elle donnerait n'importe quoi pour en voir un de ses propres yeux.
Mais ce dragon là inscrit en cercle au niveau du cœur sur l'armure
de cet homme a quelque chose de spécial. Soudain la porte de la
bibliothèque s'ouvre violemment et surprise Ellie tourne la tête.
Là, madame Vianpant se tient droite tel un piquet, suivit de mademoiselle
Labrin et de deux surveillants à la mine sévère. Madame Vianpant
est une vieille femme que le temps n'a pas épargné, à la peau
sèche et ridée avec des cheveux gris tirés en arrière en chignon.
Elle a également des lèvres pincées et de petits yeux noirs de
reptiles. Ellie a toujours soupçonné que madame Vianpant devait
être vieille fille car, à part avec son horrible chihuahua Marvin,
elle n'a jamais donné l'impression d'aimer qui que ce soit. Vu la
tête qu'elle faisait, Ellie devina sans peine que s'étend endormie,
elle avait dû louper l'appel du dîner.
« Encore
vous Mademoiselle Varmor ! », cria la directrice. Ellie
allait encore devoir trouver une excuse et cirer les pompes de cette
vieille mégère si elle voulait éviter les ennuis. Madame Vianpant
rentra dans la pièce d'un pas sûr et déterminé. Elle se dirigea
avec colère vers Ellie, lui empoigna le bras avec force et l'obligea
à se relever. « Quelle tenue ! Mademoiselle j'en ai assez
de vos petits coups de rebelles, ce n'est pas parce que vous êtes une
brillante élève que vous pouvez vous croire tout permis !
Cette fois je vais avertir vos parents de votre conduite. ».
Ellie se sentait sereine face à cette situation. Il était facile
d'amadouer cette vieille bonne femme si on faisait preuve d'un temps
soi peu de subtilité et de compliments bien tournés. « Oh
madame veuillez pardonner mon attitude, je ne voulais en aucun cas
froisser notre si grande bienfaitrice. Voyez-vous j'ai appris par
l'un de nos professeurs que vous aviez eu la bonté d'acheter
quelques livres de bonnes connaissances et que l'on nous a vivement
conseillé de lire. J'étais si absorbée dans cet ouvrage que
j'avoue ne pas avoir vu le temps passer. Je reconnais que ma conduite
est indigne d'une jeune fille de bonne famille et me voilà peinée
de faire du tort à celle à qui je dois tant. », dit Ellie
d'un ton plaintif et mielleux. L'effet fût immédiat, l'expression
colérique de la directrice se changea en air plein d'aise et de
suffisance. La jeune fille cru même apercevoir l'esquisse d'un
sourire. Ellie sût que c'était gagné, cela lui fut confirmé
lorsque la vieille femme reprit d'un ton plus calme : « Bien vous
savez au moins à qui vous devez votre reconnaissance. Je n'avertirai
pas vos parents pour cette fois mademoiselle mais vous serez tout de
même punie, afin que vous vous souveniez qu'une jeune fille bien
élevée ne doit jamais être en retard vous irez donc vous coucher
sans dîner. ». Ellie se fichait pas mal de ne pas manger, la
nourriture était parfois si infâme qu'il lui arrivait je jeûner
pendant plusieurs jours. Cependant, elle voulu assurer ses arrières
au cas où cela se reproduirait : « Oh merci madame,
d'être si soucieuse de mon éducation et de mes manières. Je ferai
tout pour ne plus vous offenser et dirai grand bien à mon entourage
et celui de mes parents de l'importance que vous donnez à
l'éducation de vos élèves. ». Il en fallut de peu que madame
Vianpant explose tant elle semblait remplie d'orgueil. Elle s'en alla
suivit de mademoiselle Labrin et des deux surveillants, qui lui
firent penser à deux petits chiens qui suivent leur maître partout.
La jeune fille eu presque envie de sourire mais les souvenirs de son
rêve l'en empêchèrent.
Elle
regagna sa chambre après avoir longuement flatté cette vieille peau
pour son indulgence et son respect des règles. Cette femme doit
vraiment avoir perdu espoir pour se contenter de fausses flatteries.
En s'allongeant sur son lit, Ellie repense à son rêve et à cette
sensation qu'elle avait lorsque elle pensait au dragon rouge de
l'armure. La nuit était tombée, demain se serait la pleine lune
mais Ellie ne s'en souciait guère. Elle ne parvient pas à trouver
le sommeil. La peur encore logée dans son ventre se fait plus
intense à chaque fois qu'elle ferme les yeux. La peur de revivre
cette scène et de connaître à nouveau ce sentiment de terreur à
la vue de ces hommes. Elle ne ferme pas l’œil de la nuit. Le
lendemain, bien que la jeune fille n'ait dormi qu'une demi-heure il
n'y a aucune trace de fatigue sur son beau minois. Ellie se leve,
s'habille et descend prendre le petit déjeuner. En bas tous les
élèves sont assis par rangées et pas un seul ne sort du rang. « Un
vrai camp de militaire » pensa notre héroïne. Elle alla
s'asseoir à la table des deuxièmes années vu qu'il n'est pas
permis de s'asseoir à une table autre que celles de son année. Le
repas se passe dans le silence le plus complet au grand bonheur des
surveillants et de mademoiselle Labrin. Le petit déjeuner terminé,
chacun regagne son dortoir pour se préparer avant le début des
cours. Ellie n'a pas grand-chose à faire à part se laver les dents.
Une fois sa tâche accomplie, elle s'allonge sur son lit et attend,
son esprit complètement ailleurs.
Il
fait un temps affreux. Une pluie féroce s'abat dans la cour de
l'école, et un vent d'une violence inouïe frappe les arbres et les
murs de l'établissement. En classe, quelques timides murmures
d'étonnements et d'inquiétude s'élevent dans le silence général.
Le professeur d'Histoire monsieur Sylvain, pas le moins du monde
inquiet du spectacle qui se déroule à l'extérieur, écrit au
tableau les débuts de la Seconde Guerre Mondiale. Ellie, assise au
fond de la classe près de fenêtre, paraît complètement absorbée
par le déluge du jour. En réalité, même s'il est vrai qu'elle ne
prête aucune attention au cours, elle n'a pour une fois aucune
attention non plus pour ce qui se passe en dehors de la classe. Les
images de son rêve de la veille ne cessent de tourner dans sa tête
avec une netteté qu'elle ne parvient pas à comprendre. Pourquoi ce
dragon lui parle-t-il tant ? Qui étaient ces hommes ? Et
cette vieille femme ? Et plus encore, qui lui avait dit de
fuir ? A qui était cette voix ? Pourquoi ces images
sont-elles encore aussi nettes et précises ? Ellie n'arrête
pas de ressasser ces questions. La matinée passe d'une traite. La jeune fille
est tellement ailleurs qu'elle manque de peu de tomber dans les
escaliers à la pause de midi. Elle tente tant bien que mal
de reprendre ses esprits, en vain. Le soir tombe rapidement et
bientôt voilà le quartier libre. Assise sur un fauteuil de la
bibliothèque, Ellie a les yeux dans le vide, encore et encore elle
voit ce magnifique dragon. Il lui semble si réel, il lui donne
l'impression de bouger et d'être vivant. Il ne s'agit pourtant que
d'un symbole gravé dans l'armure d'un soldat. Soudain un bruit la
fait sursauter. Dehors, une bourrasque de vent fait cogner les arbres
contre les carreaux de la salle. Un autre bruit, cette fois Ellie
écoute attentivement. Le tonnerre ! La jeune fille se
précipite alors dans sa chambre et colle son museau contre le
carreaux froid de sa fenêtre. Là, des éclairs bleus et violet
éclairent la nuit. Fascinée par ce spectacle, Ellie se souvient
soudain de son rêve ; « Il faisait le même temps. ».
Au même moment un éclair tombe juste devant la jeune fille. C'est
alors qu'il lui semble apercevoir une silhouette, pile à l'endroit
où l'éclair est tombé. Ellie ne quitte pas l'ombre des yeux, et
celle-ci semble la fixer de la même façon. Un lien invisible se noue
alors entre ces deux êtres, Ellie sait. Elle est en danger.
End
of Chapter 2
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire